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  • 30/07/2025

ACTIF2025 : 290 millions de dollars pour ancrer l'alliance entre l’Afrique et les Caraïbes

290 millions de dollars de contrats signés, création d’un fonds de résilience, lancement d’un système de paiement régional : à la Grenade, Afreximbank imprime sa marque sur une coopération Afrique-Caraïbes qui s’institutionnalise.

 

Il y a quatre ans à peine, l’intégration économique entre l’Afrique et les Caraïbes relevait du vœu pieux. Ce 28 juillet 2025, à l’ouverture du Forum AfriCaribbean sur le commerce et l’investissement (ACTIF2025), le président sortant d’Afreximbank, le Professeur Benedict Oramah, est venu démontrer que le rêve a fait place à l’action. Et les chiffres parlent : plus de 290 millions de dollars d’accords signés dès le premier jour.

 

Sous le thème « Résilience et transformation », ACTIF2025 cristallise un tournant : du slogan à l’institutionnalisation, comme l’a martelé Oramah. « En moins de quatre ans, nous avons ratifié l'Accord de partenariat dans 11 pays de la CARICOM », a-t-il rappelé, y voyant une « déclaration souveraine » selon laquelle les Caraïbes reconnaissent à l’Afrique un rôle central dans leur avenir.

 

Une Commission mondiale pour l’Afrique en gestation

 

Le point d’orgue de son discours ? L’appel à la création d’une Commission mondiale pour l’Afrique, une instance permanente, souveraine et tripartite (Afreximbank, CARICOM, Union africaine), chargée de piloter l’intégration structurelle entre les deux blocs. Son rôle : porter les projets commerciaux, culturels, éducatifs et technologiques, mais surtout libérer Afreximbank d’une charge administrative grandissante.

 

« Nous avons jusqu’à présent prouvé le concept ; il nous faut maintenant l’institutionnaliser », a-t-il plaidé. Une idée immédiatement soutenue par le Premier ministre de la Grenade, Dickon Mitchell, qui a salué un « espace désormais ouvert à la collaboration, au commerce et à la prospérité ».

 

Des mécanismes concrets sur la table

 

ACTIF2025 n’aura pas été un forum de plus, mais celui de la matérialisation. Les initiatives lancées ou consolidées sont nombreuses :

 

-      Fonds de 250 millions de dollars pour la résilience climatique et économique, géré par FEDA, la branche investissement d’Afreximbank ;

 

-      CAPSS, un système régional de paiement et de règlement, inspiré du PAPSS africain, pour des transactions en devises locales sans passer par le dollar ;

 

-      Études de faisabilité pour une Banque EXIM régionale, afin d’accélérer le commerce et l’industrialisation dans la zone caraïbe ;

 

-      Centre d’intelligence artificielle, en collaboration avec l’Université des Antilles, pour former les talents afro-caribéens aux technologies de rupture ;

 

-      Investissements culturels, notamment 24 millions de dollars injectés dans un centre de production cinématographique dans l’OECO via CANEX.

 

Des accords historiques déjà signés 


Afreximbank a également confirmé des investissements directs structurants, notamment :

 

-      50 millions de dollars pour à Saint-Kitts-et-Nevis pour des infrastructures scolaires adaptées au climat ;

 

-      40 millions de dollars pour un nouveau port commercial dans le même pays ;

 

-      100 millions de dollars aux Bahamas pour réhabiliter plus de 320 kilomètres de routes ;

 

-      61,25 millions de dollars pour un hôtel Hilton de 150 chambres à Bridgetown, Barbade, dans le cadre du programme CONTOUR de financement touristique.

 

Oramah s’en va, Elombi arrive

 

ACTIF2025 est aussi le chant du cygne du Professeur Oramah, qui s’apprête à passer le relais au Dr George Elombi, nommé président entrant par les actionnaires d’Afreximbank lors de l’AG de juin à Abuja.

 

« Je n’ai aucun doute qu’il est la personne idéale pour diriger la prochaine étape », a déclaré Oramah avec émotion. Son leadership n’est pas passé inaperçu : les dirigeants de la CARICOM ont proposé de lui décerner la plus haute distinction régionale : l’Ordre de la Communauté des Caraïbes.

 

Une vision de dignité économique

 

Le message de la Grenade était clair : la survie économique des Caraïbes passe par un ancrage fort avec l’Afrique. « C’est une question d’argent, de commerce, d’investissement… et de dignité », a lancé Dickon Mitchell. Et de conclure, avec un ton volontariste : « Personne ne sauvera l’Afrique mondiale, sauf l’Afrique mondiale elle-même. »

 

Avec plus de 1 700 participants, ACTIF2025 signe la plus forte affluence de son histoire. Mais au-delà des chiffres, c’est l’engagement politique de toute une génération de leaders à transformer la rhétorique panafricaine en leviers économiques tangibles qui marque un tournant.

 

ACTIF2025, ce n’est plus seulement un forum, c’est un signal fort : l’Afrique et les Caraïbes veulent construire ensemble un avenir économique structuré, technologique, résilient et culturellement ancré. Et cette fois, les promesses sont accompagnées de lignes budgétaires.