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  • 16/12/2025

CEMAC : la COBAC relève le capital minimum des banques et établissements financiers dès janvier 2026


La COBAC (Commission bancaire de l’Afrique centrale) a défini de nouvelles exigences de capital dans la zone CEMAC. Selon cette décision prise lors d’une session extraordinaire tenue le 10 décembre 2025 à Libreville, le capital social minimum requis pour les banques est désormais fixé à 25 milliards FCFA, (contre 10 milliards FCFA actuellement), tandis que les établissements financiers devront quant à eux disposer d’un capital minimum de 4 milliards FCFA (contre 1 milliard FCFA actuellement), à compter du 1er janvier 2026.

Le règlement s’applique à l’ensemble des établissements de crédit dont le siège social est situé dans les 6 pays de la CEMAC. Toute nouvelle banque sollicitant un agrément dans cet espace communautaire devra disposer immédiatement du capital requis. Ce dernier devra être entièrement libéré, c’est-à-dire effectivement versé par les actionnaires.

Les banques et établissements financiers déjà en activité bénéficient quant à elles d’un délai d’un an, jusqu'au 31 décembre 2026, pour se conformer aux nouvelles exigences. Les établissements incapables d’atteindre ces seuils dans ce délai devront soumettre un plan de relèvement du capital au secrétaire général de la COBAC avant le 30 juin 2026. Dans ce plan, les banques devront ainsi atteindre 14 milliards FCFA au plus tard fin 2026, 18 milliards fin 2027, 22 milliards fin 2028 et 25 milliards au 31 décembre 2029. Les établissements financiers suivront une progression similaire : 2 milliards fin 2026, 3 milliards fin 2027, 3,5 milliards fin 2028 et 4 milliards fin 2029. 

Cette réforme s’inscrit dans le cadre du plan stratégique “OWALI 2025-2029” de la COBAC qui vise à renforcer la stabilité et la résilience du système bancaire régional. En rehaussant la barre du capital minimum, le superviseur cherche à accroître la capacité d’absorption des pertes et à réduire les vulnérabilités structurelles qui fragilisent encore une partie du secteur. Avec ce relèvement de capital les banques pourront mieux amortir les chocs économiques, renforcer leur crédibilité et consolider la confiance des déposants.

L’objectif est de favoriser un secteur bancaire plus solide, plus compétitif et mieux intégré, capable de financer durablement l’économie.

Les participants à la rencontre organisée par la COBAC ont discuté de la possibilité d’ouverture du capital des établissements de crédit au marché boursier en vue de mobiliser les fonds nécessaires pour renforcer le capital exigé. Les discussions ont également porté sur la distinction du niveau de capital minimum en fonction de la typologie de l’actionnariat (public, privé, mixte) et des modèles d’affaires (banques universelles, spécialisées, islamiques, etc.)

Cette réforme intervient dans un contexte où plusieurs signaux de fragilité persistent dans le secteur. Au 31 décembre 2024, dix des 56 banques agrées dans la CEMAC présentaient un ratio de couverture des risques inférieur au minimum réglementaire de 10,5 %, générant un déficit global en fonds propres estimé à 247,3 milliards FCFA. Par ailleurs, 14 établissements étaient en infraction vis-à-vis des règles de représentation du capital minimum, illustrant des écarts de conformité jugés préoccupants pour un superviseur dont la priorité est de contenir les risques systémiques.

La CEMAC rejoint, avec cette décision, une tendance continentale où plusieurs régulateurs ont relevé les exigences de capitalisation pour renforcer la solidité du système financier. Dans l’UEMOA, le capital minimum des banques a été porté à 20 milliards FCFA, tandis qu’au Nigeria et au Kenya, les réformes ont visé des relèvements d’ampleur.