Le bras de fer entre l’État malien et les compagnies minières se poursuit, mais les lignes commencent à bouger. Alors que certains opérateurs mineurs acceptent de se plier au nouveau Code minier, les géants du secteur restent en guerre ouverte avec Bamako. Décryptage.
Une réforme ambitieuse… et clivante
Adopté en août 2023, le nouveau Code minier du
Mali bouleverse la donne dans un secteur vital pour l’économie nationale.
L’objectif est clair : reprendre le contrôle sur les ressources aurifères, en
augmentant les taxes et en renforçant la participation de l’État dans les
projets miniers.
Le texte prévoit notamment :
- Une royalty sur l’or portée à 10,5%, contre 6% auparavant.
- Une participation gratuite et non diluable de
l’État à hauteur de 10%, avec option d’achat de 20% supplémentaires.
- L’obligation de transformer les minerais sur le
territoire national.
- L’instauration de fonds miniers dédiés au
développement local.
Cette réforme, saluée par certains comme un acte
de souveraineté économique, a toutefois provoqué un choc dans les milieux
d’affaires.
Premiers ralliements sous contrainte
Dans une annonce faite le 29 juillet 2025 à la télévision d’État, le ministre des Finances Alousseni Sanou et son collègue des Mines ont révélé la signature de trois protocoles d’accord avec :
- Somika SA, détenue à 80% par Endeavour Mining ;
- Faboula Gold ;
- Bagama Mining.
Ces entreprises ont accepté de se conformer aux
exigences du nouveau Code, en échange d’un cadre réglementaire stabilisé pour
leurs projets.
Selon le ministre, la Somika prévoit un chiffre
d’affaires annuel de 135 milliards FCFA pour une durée de vie de 10 ans, tandis
que Faboula et Bagama tablent respectivement sur 50 et 75 milliards FCFA sur
cinq ans. En tout, environ 6 000 emplois directs sont annoncés.
Des concessions peu significatives ?
Mais derrière l’annonce politique, la portée
économique reste modeste. Les trois entreprises concernées ne représentent
qu’une infime part de la production nationale. Faboula et Bagama, par exemple,
ne produisaient que 500 kg d’or chacune par an depuis 2021, selon Reuters. La
Somika, elle, n’a pas encore commencé à extraire le moindre gramme.
Pour plusieurs analystes, ces signatures relèvent
surtout de la communication politique. Elles permettent de montrer que le Code
est “applicable”, mais ne règlent pas le fond du conflit.
Les majors résistent
Le vrai nœud du problème, c’est Barrick Gold,
principal producteur d’or du Mali. Depuis janvier 2025, l’entreprise canadienne
est en conflit ouvert avec le gouvernement. L’État a bloqué ses exportations,
arrêté plusieurs de ses dirigeants et saisi trois tonnes de lingots d’or, selon
une dépêche de Reuters du 30 juillet 2025.
En réaction, Barrick a suspendu ses activités à
Loulo-Gounkoto, l’une des plus grandes mines d’Afrique, et a saisi le Centre
international pour le règlement des différends relatifs aux investissements
(CIRDI), un organe rattaché à la Banque mondiale.
“Le Mali devient l’un des pays les plus coûteux
au monde pour extraire de l’or”, a déclaré Mark Bristow, PDG de Barrick, dans
une interview à Bloomberg en février 2024. “C’est un frein majeur à la
compétitivité.”
Une stratégie risquée pour Bamako ?
D’un côté, le gouvernement de transition mise sur
une reprise du contrôle économique, dans un contexte géopolitique marqué par la
rupture avec la France et le retrait de la MINUSMA. De l’autre, cette approche
inquiète les investisseurs étrangers, qui voient dans ce Code une forme de
nationalisation rampante.
En 2024, la production aurifère du pays a chuté
de 23%, à 51 tonnes, selon les chiffres du ministère des Mines.
Ce recul s’explique en partie par la frilosité
des investisseurs, mais aussi par les tensions croissantes entre autorités et
opérateurs miniers, selon le cabinet canadien S&P Global.
Un pari sur le long terme ?
Le nouveau Code minier pourrait générer, selon
les estimations du ministère des Finances, plus de 600 milliards FCFA de
recettes fiscales supplémentaires par an. Il prévoit également le financement
de fonds pour les infrastructures locales, la formation, et la réhabilitation
des sites miniers artisanaux.
Mais encore faut-il que la machine suive : les
capacités locales de raffinage sont quasi inexistantes, et le tissu industriel
malien peine à répondre aux exigences de contenu local.
Bras de fer ou bras tendu ?
Pour l’instant, l’État malien gagne la bataille
symbolique, mais la guerre économique reste ouverte. Le soutien de petits
producteurs est utile pour la propagande, mais la reprise réelle de
l’investissement dépendra du sort réservé aux grands acteurs comme Barrick et
Resolute Mining.
À trop vouloir renverser la table, le Mali prend le risque de s’isoler davantage sur les marchés internationaux. Mais à défaut de compromis, la réforme risque aussi de s’enliser dans une impasse juridico-politique aux conséquences durables pour l’économie.
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