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  • 30/07/2025

Commerce intra-africain / Journalistes et blogueurs à l’école de la ZLECAf : Former pour transformer

C’est dans une atmosphère studieuse mais résolument tournée vers l’action que s’est ouverte, le mardi 29 juillet 2025, à Abidjan la formation dédiée aux journalistes et blogueurs sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Pendant deux jours, c'est une cinquantaine d'acteurs des médias qui est plongée au cœur des mécanismes, enjeux, défis et opportunités d’un des projets les plus ambitieux du continent africain.

 

Une ambition continentale réaffirmée

 

« Ce n’est pas un simple accord commercial, mais un véritable projet de civilisation économique panafricaine », a martelé Malan Michel, représentant du ministre du Commerce et de l’Industrie, Dr Souleymane Diarrassouba, dans son discours d’ouverture.

 

Revenant sur les engagements pris depuis le Sommet de Kigali en 2018, il a salué le choix courageux de la Côte d’Ivoire de rejoindre cette dynamique. Selon lui, la ZLECAf représente « une fusion panafricaine d’unités visant à favoriser le développement des échanges intra-africains, à réduire notre dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs et à stimuler l’émergence de champions économiques africains. »

 

Avec ses 54 pays membres et un potentiel de marché de 1,5 milliard de consommateurs, la ZLECAf est un levier stratégique pour transformer les économies africaines, en favorisant la circulation des biens, des services, des capitaux, mais aussi des idées et des talents.

 

Une formation utile, une vision claire

 

La Secrétaire exécutive du Comité National ZLECAf, Bamba Mantieni, elle a mis l’accent sur le rôle déterminant des médias dans la réussite du projet. S’adressant aux journalistes et blogueurs, elle a rappelé :

 

« Grâce à vos plumes, vos voix, vos blogs et vos réseaux sociaux, la ZLECAf amorcera sa dynamique sur le terrain, devenant ainsi une réalité tangible. »

 

Elle a insisté sur la nécessité de « vous associer pleinement au cheminement de la Côte d’Ivoire prête, compétitive et connectée au marché intercontinental. »

 

La formation, loin d’être une simple session théorique, a proposé un contenu riche : histoire de la ZLECAf, analyse de ses protocoles, état des lieux des négociations, communication stratégique, et surtout perspectives de mise en œuvre au niveau national.

 

Chiffres clés, visions concrètes

 

Le discours du représentant du ministre a offert quelques données clés :

 

-      Le commerce intra-africain pourrait passer de 17% à 52% d’ici 2035 (Banque mondiale).

 

-      18 millions d’emplois pourraient être créés.

 

-      50 millions de personnes pourraient sortir de l’extrême pauvreté.

 

-      Le commerce intra-africain de produits agricoles pourrait atteindre 1 000 milliards USD d’ici 2030.

 

 

Sur le plan local, il a annoncé :

 

-      L’adoption d’une ordonnance sur le démantèlement tarifaire, en avril 2025,

 

-      La création d’une plateforme d’exportation à Noé,

 

-      Et surtout l’élaboration d’une stratégie nationale ZLECAf, construite de manière participative avec tous les acteurs : secteur privé, administration, organisations de femmes, de jeunes, transporteurs et partenaires techniques.

 

Des professionnels du micro au service du macro

 

Ce séminaire aura permis de révéler aussi la forte attente des acteurs médiatiques vis-à-vis des institutions. En témoignent les échanges nourris durant les sessions interactives. Pour Jean-Marc Gogbeu, journaliste économique et participant :

 

« La ZLECAf, ce n’est pas un jargon de technocrates. C’est une réalité qui impactera la PME ivoirienne, le maraîcher de Bouaké, la commerçante de Korhogo, le développeur web d’Abobo. Notre rôle, c’est de connecter ces mondes. Mais pour cela, il faut que nous-mêmes, journalistes et créateurs de contenus, soyons outillés, formés, crédibles. Et cette formation arrive au bon moment. »

 

Perspectives : de la sensibilisation à l’appropriation

 

Ce rendez-vous marque une inflexion stratégique dans la relation entre l’État et les médias. L’objectif n’est plus seulement de diffuser des informations, mais bien de co-construire un narratif africain ambitieux, inclusif, et compréhensible par tous.

 

« Vous êtes des vecteurs de changement. Vous ne vous contentez pas de transmettre l’information. Vous l’expliquez, vous la contextualisez et vous créez l’adhésion », a conclu Malan Michel.

 

Et comme l’a rappelé la Secrétaire exécutive dans une note de fin pleine d’espoir :

 

« Faisons en sorte que la formation devienne un outil de transformation. »

 

Un pacte renouvelé entre médias et institutions

 

Au terme des deux journées, ce que les participants ont signé de manière tacite, c’est un pacte de responsabilité médiatique au service de l’intégration régionale. La ZLECAf n’est plus une abstraction, mais un chantier concret. Et la Côte d’Ivoire, forte de son tissu médiatique, entend y jouer sa partition avec rigueur, ambition et lucidité.