La République démocratique du Congo (RDC) enregistre une croissance économique soutenue, mais peine toujours à transformer cet élan en progrès social tangible. Selon la Banque mondiale, cette dynamique ne pourra se poursuivre durablement sans une révision en profondeur des incitations fiscales, dont le coût élevé compromet les capacités budgétaires de l’État.
Une croissance robuste… mais peu redistributive
Avec un taux de croissance de 6,5% en 2024,
l’économie congolaise reste parmi les plus dynamiques d’Afrique subsaharienne.
Ce résultat est largement porté par le secteur minier, en particulier la
production de cuivre et de cobalt, deux ressources stratégiques pour la
transition énergétique mondiale. Toutefois, cette performance masque des
fragilités persistantes : la pauvreté reste structurelle, l’emploi peine à
décoller, et les inégalités demeurent criantes.
La stabilité macroéconomique reste un point fort.
Grâce à une gestion budgétaire prudente et à l’absence de financement monétaire
des déficits, l’inflation, bien qu’élevée, a reculé à 8,6% en juin 2025, selon
les dernières données officielles.
Un système fiscal sous tension
Dans sa Mise à jour économique sur la RDC publiée
le 28 juillet 2025, la Banque mondiale met en lumière un déséquilibre
préoccupant : les recettes fiscales représentent à peine 12,5% du PIB, contre
une moyenne régionale de 16%. Un écart qui réduit considérablement les marges
de manœuvre du gouvernement pour financer les services sociaux et les
infrastructures.
Ce manque de ressources est en grande partie lié
aux incitations fiscales accordées aux entreprises, souvent sous forme
d’exonérations ou de régimes spéciaux. Le rapport estime leur coût à environ 5%
du PIB, soit l’équivalent d’un tiers des recettes fiscales nationales ou trois
fois le budget de la santé.
Des avantages peu efficaces
Ces dispositifs fiscaux, initialement pensés pour
attirer les investissements, ne semblent pas remplir leur promesse en matière
de développement. « Ces mesures n’apportent que des avantages minimes aux
ménages vulnérables », note le rapport, qui dénonce leur inefficacité
redistributive et leur faible impact sur l’emploi.
En outre, ces exonérations bénéficient
majoritairement aux grandes entreprises, souvent étrangères, dans les secteurs
extractifs. Elles sont rarement soumises à des évaluations d’impact et manquent
de transparence, ce qui alimente une méfiance croissante sur leur utilité
réelle pour l’économie congolaise.
Les pistes d’une réforme fiscale plus efficace
Face à ce constat, la Banque mondiale appelle à
une refonte du cadre fiscal congolais. Parmi les principales recommandations :
-
Remplacer les incitations fiscales basées sur les
bénéfices — facilement contournables — par des incitations fondées sur les
coûts réels d’investissement ;
-
Simplifier et harmoniser les taux d’imposition,
afin de réduire les distorsions et améliorer la lisibilité du système ;
-
Renforcer la transparence, en rendant publiques
les exonérations accordées et en instaurant des mécanismes d’évaluation
systématique.
« La RDC dispose d'un fort potentiel économique.
Pour parvenir à une croissance inclusive et durable, le pays doit accroître ses
recettes intérieures, rationaliser les incitations fiscales et privilégier les
services sociaux et les investissements dans les infrastructures », souligne
Albert Zeufack, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la RDC.
Une réforme politiquement sensible
Rationaliser les incitations fiscales constitue
toutefois un chantier sensible. De nombreux acteurs économiques y voient un
avantage compétitif ou une compensation aux lourdeurs administratives et aux
risques liés à l’environnement des affaires. Toute réforme devra donc
s’accompagner d’un effort parallèle pour améliorer la qualité de la dépense
publique, renforcer l'État de droit et assurer un climat propice à
l’investissement productif.
La RDC ne pourra construire un modèle de
développement plus équitable sans revoir sa politique d’incitations fiscales.
Le défi est de taille, mais les gains attendus sont considérables : plus de
recettes, plus de justice fiscale et plus de moyens pour financer la
transformation structurelle du pays.
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