Dans un communiqué conjoint, les États membres de la Confédération des États du Sahel (AES) – Burkina Faso, Mali et Niger – ont annoncé leur retrait du Statut de Rome, traité fondateur de la Cour pénale internationale (CPI). Une décision qui marque une inflexion stratégique dans leurs relations avec les institutions internationales.
« La Cour s’est transformée en un instrument politique aux mains de puissances étrangères », dénoncent les trois gouvernements dans le document officiel signé à Bamako.
Une rupture avec un cadre juridique international
Ratifié respectivement en 2000, 2002 et 2004, le
Statut de Rome liait ces pays à la CPI, les engageant à coopérer dans la
poursuite des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et du génocide.
Mais depuis plusieurs années, des voix africaines s’élèvent contre ce qu’elles
considèrent comme une justice à deux vitesses.
Le président malien de la transition, Assimi
Goïta, également président de la Confédération AES, affirme que cette décision
s’inscrit dans « la volonté affichée des États membres d’affirmer pleinement
leur souveraineté » et de recourir à des « mécanismes endogènes pour la
consolidation de la paix et de la justice ».
Une critique récurrente de la CPI en Afrique
L’Afrique représente près de 30% des États
parties au Statut de Rome, mais concentre plus de 80% des enquêtes ouvertes par
la CPI depuis sa création. Des figures comme Uhuru Kenyatta, ancien président
du Kenya, ou Omar el-Béchir du Soudan, ont été ciblées, alimentant le sentiment
d’un traitement inéquitable.
« La CPI est devenue un outil de pression contre
les dirigeants africains qui choisissent une voie souveraine », estime le
juriste camerounais Charles Taku, ancien conseiller à la CPI, dans une tribune
publiée par The Africa Report.
Vers une justice régionale ?
Le retrait des États de l’AES relance le débat
sur la mise en place de juridictions africaines capables de juger les crimes
graves. L’idée d’une Cour africaine de justice et des droits de l’homme, portée
par l’Union africaine, refait surface.
Mais les défis sont nombreux : financement,
indépendance, reconnaissance internationale. En attendant, les États de l’AES
réaffirment leur engagement à « soutenir la promotion et la protection des
droits de l’Homme en adéquation avec leurs valeurs sociétales ».
Une posture diplomatique affirmée
Ce retrait intervient dans un contexte de
redéfinition des alliances. Les trois pays, confrontés à des défis sécuritaires
majeurs, ont multiplié les partenariats alternatifs, notamment avec la Russie
et la Turquie. Le geste est donc autant juridique que géopolitique.
« C’est une manière de dire que l’Afrique peut
penser sa propre justice, hors des tutelles », analyse l’économiste sénégalais
Ndongo Samba Sylla dans Le Monde diplomatique.
Et maintenant ?
Conformément à l’article 127 du Statut de Rome,
la notification officielle au Secrétaire général des Nations Unies enclenchera
un délai d’un an avant que le retrait ne soit effectif. D’ici là, les États
restent tenus par leurs obligations.
Mais le signal est clair : l’AES veut redéfinir
les règles du jeu. Et dans cette recomposition, la souveraineté juridique
devient un levier politique et économique.
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