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  • 17/11/2025

Zimbabwe – Zambie : Une relance économique transfrontalière qui se joue aux frontières, dans les corridors et dans les laboratoires agricoles

Le Zimbabwe et la Zambie ont profité de la visite de travail du Président zambien Hakainde Hichilema à Harare pour transformer une rencontre diplomatique classique en un véritable chantier économique commun. Derrière les formules diplomatiques, les deux pays ont clairement décidé de passer à la vitesse supérieure sur un axe stratégique : rendre leurs économies plus fluides, plus connectées et plus productives. Et, pour une fois, les intentions sont accompagnées de chantiers concrets.

 

Au cœur de ces décisions, la gestion des frontières apparaît comme la clé de voûte. Les deux gouvernements s’engagent à synchroniser les horaires douaniers et commerciaux, une mesure simple sur le papier, mais déterminante pour les transporteurs, les commerçants et les chaînes d’approvisionnement. Cette décision, couplée à l’extension des postes-frontières à guichet unique — ces OSBP qui permettent de passer deux frontières en un seul arrêt — est un signal clair : les deux pays veulent accélérer les flux de marchandises et réduire les coûts logistiques qui brident encore le commerce régional.

 

La coopération économique s’étend également au Régime commercial simplifié (RCS), un dispositif essentiel pour les milliers de petits commerçants transfrontaliers, majoritairement des femmes. Les deux parties veulent accélérer son application, formaliser davantage les échanges et dynamiser ce segment souvent négligé mais vital pour les économies locales.

 

Harare et Lusaka vont aussi lancer l’élaboration d’un cadre bilatéral dédié à l’investissement et au commerce, un outil stratégique destiné à attirer des capitaux, harmoniser les incitations et fluidifier les projets conjoints — notamment dans les mines, les infrastructures et l’énergie. Cette décision vient compléter l’architecture déjà mise en place depuis la création de la Commission binationale en 2023, qui couvre une palette impressionnante de secteurs, de l’industrialisation au numérique, en passant par le changement climatique et le tourisme.

 

L’agriculture, pilier traditionnel des deux pays, fait l’objet d’un traitement particulier. Les dirigeants affichent une volonté commune de renforcer la recherche en agriculture et en aquaculture, avec un objectif très clair : améliorer la productivité, sécuriser l’alimentation et monter en gamme sur les chaînes de valeur. Une orientation qui répond autant aux chocs climatiques qu’aux besoins croissants du marché régional.

 

Le succès du Forum des affaires organisé en marge de la rencontre a conforté les deux gouvernements dans l’idée que le secteur privé est prêt à suivre. Autrement dit : il y a de l’appétit. Ce forum, souvent ignoré dans les récits officiels, devient ici un indicateur clé sur l’état de confiance entre opérateurs économiques zimbabwéens et zambiens.

 

Enfin, les deux pays s’engagent à finaliser rapidement une série de protocoles d’accord dans des secteurs stratégiques — transports, énergie, TIC, commerce et industrie, agriculture — afin d’assurer une mise en œuvre effective avant la revue à mi-parcours du programme.

 

Au final, ce communiqué n’est pas juste un texte diplomatique ; c’est une feuille de route économique. Le Zimbabwe et la Zambie cherchent explicitement à réduire les frictions logistiques, moderniser leurs corridors, renforcer leurs filières agricoles et attirer davantage d’investissements. Une coopération qui, si elle est suivie d’actes, pourrait bien repositionner les deux pays comme un bloc économique plus agile et plus compétitif au sein de l’Afrique australe.