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  • 08/09/2025

Air Côte d’Ivoire vs United Nigeria Airlines : Deux visions stratégiques pour un ciel africain en mutation

 Le secteur aérien africain est en pleine effervescence. En l’espace de quelques jours, deux compagnies ont marqué l’actualité avec des annonces qui traduisent deux approches très différentes : Air Côte d’Ivoire, qui vient de réceptionner son premier Airbus A330-900neo, et United Nigéria Airlines, qui a signé un accord pour l’acquisition de six Boeing 737-800 auprès de Southwest Airlines.

 

Début septembre 2025, Air Côte d’Ivoire a franchi un cap historique en recevant à Toulouse son premier A330-900neo, configuré en quatre classes (First, Business, Premium Éco, Économie). L’appareil sera déployé dès la mi-septembre sur la ligne Abidjan–Paris, opérée quotidiennement. Cette opération est financée par la BADEA (76,6 millions USD) et la BOAD (49,5 millions USD), dans le cadre d’un prêt pour l’achat de deux avions.

 

Les retombées économiques attendues sont importantes : plus de 2 160 emplois directs et indirects, une valeur ajoutée annuelle estimée à 30,9 milliards FCFA (≈ 50,9 millions USD) et 3,2 milliards FCFA de recettes fiscales par an.

 

À la même période, United Nigéria Airlines a choisi une trajectoire différente. La compagnie a annoncé à Dallas la commande de six Boeing 737-800, avec quatre options supplémentaires, dont les livraisons s’échelonneront entre 2026 et 2027. Ces monocouloirs, capables d’accueillir jusqu’à 189 passagers, serviront à densifier le marché intérieur nigérian — le plus vaste d’Afrique avec plus de 200 millions d’habitants — et à renforcer les liaisons régionales. L’accord inclut un volet technique avec Southwest, prévoyant la formation, la maintenance et le transfert de savoir-faire.

 

Derrière ces annonces, deux visions stratégiques s’opposent. Air Côte d’Ivoire mise sur l’international immédiat : l’A330-900neo permet à Abidjan de s’affirmer comme un hub régional tourné vers l’Europe, en réduisant la dépendance aux grandes compagnies étrangères. Les chiffres annoncés confirment un effet multiplicateur rapide sur l’économie ivoirienne, avec un impact direct sur l’emploi, les recettes fiscales et le tourisme d’affaires.

 

United Nigéria Airlines, en revanche, privilégie une croissance progressive. Son pari est de consolider d’abord le marché intérieur et de bâtir un réseau régional solide avant de viser l’international. Le partenariat technique avec Southwest représente un atout durable : il favorise la montée en compétences locales et le renforcement de l’écosystème aérien nigérian. Les impacts économiques chiffrés restent à préciser, mais le potentiel est considérable.

 

Au-delà des choix techniques — Airbus A330-900neo contre Boeing 737-800 —, ces décisions traduisent des orientations économiques nationales. Pour la Côte d’Ivoire, l’enjeu est de gagner en attractivité internationale grâce à une connectivité renforcée. Pour le Nigéria, il s’agit de capitaliser sur la taille de son marché domestique et de développer des compétences locales pour construire un modèle durable.

 

En définitive, ces deux stratégies se rejoignent sur un point essentiel : elles traduisent la volonté des compagnies africaines de prendre en main leur destin, et d’inscrire le continent dans les grandes routes mondiales de l’aviation.