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  • 04/08/2025

Bénin – Nigeria : Un nouvel accord pour renforcer le commerce régional

Le Bénin et le Nigeria franchissent un cap décisif dans leur volonté de bâtir une intégration économique concrète et durable. Les deux voisins ouest-africains ont officialisé, ce 2 août à Cotonou, un cadre de négociation en vue d’un Accord de Partenariat Économique Renforcé, un jalon symbolique mais surtout stratégique.

 

Cette avancée diplomatique et économique découle d’échanges bilatéraux entamés en juin dernier à l’occasion du Sommet économique de l’Afrique de l’Ouest (WAES 2025) à Abuja, autour du thème « Une voix, un avenir ». Le message est clair : il est temps de transformer la proximité géographique en opportunité partagée.

 

Quatre piliers pour structurer l’ambition

 

Le cadre validé repose sur quatre grands axes :

 

  • le commerce des biens et des services,
  • la mobilisation du secteur privé,
  • la coopération douanière et la facilitation des échanges,
  • et enfin les dispositions juridiques et institutionnelles.

 

« Aujourd'hui, le Nigeria et le Bénin ont approuvé un cadre pour une coopération économique renforcée », a indiqué Jumoke Oduwole, ministre nigériane de l’Industrie, du Commerce et de l’Investissement, sur le réseau X (ex-Twitter). Elle a précisé que les négociations officielles du protocole d’accord débuteront au quatrième trimestre 2025, ouvrant la voie à une mise en œuvre progressive de ce partenariat ambitieux.

 

Cotonou, théâtre d’un rapprochement stratégique

Pendant trois jours, du 31 juillet au 2 août, les délégations des deux pays ont enchaîné les séances de travail à Cotonou. Côté béninois, plusieurs ministres clés étaient présents, dont Romuald Wadagni (Économie et Finances), Yvon Detchénou (Justice), Olushegun Adjadi Bakari (Affaires étrangères) et Alimatou Shadiya Assouman (Industrie et Commerce). En face, la délégation nigériane était conduite par Jumoke Oduwole, accompagnée notamment de l’Ambassadrice Bianca Odumegwu Ojukwu.

 

Au terme des discussions, les ministres du Commerce des deux pays ont signé le cadre de négociation, marquant un engagement mutuel à approfondir leur coopération.

 

Douanes, port et frontière : des actions concrètes

 

Les deux parties ont salué la bonne entente entre leurs administrations douanières. Elles se sont engagées à aller plus loin, notamment sur le transbordement de marchandises et la lutte contre la fraude douanière.

 

Un groupe de travail spécifique sera mis en place pour traiter ces questions sensibles. Il devra « respecter l’esprit de franche collaboration ainsi que les instructions de leurs administrations respectives », précise le communiqué final.

 

La délégation nigériane a également visité le Port autonome de Cotonou et le poste-frontière de Sèmè-Kraké, afin d’évaluer les réformes en cours du côté béninois. Des efforts qui visent à fluidifier les échanges commerciaux et à réduire les frictions logistiques, trop souvent synonymes de pertes économiques.

 

Diplomatie en marche, intégration en vue

 

L’un des moments marquants de cette visite a été l’audience accordée par le Président béninois Patrice Talon à la délégation nigériane. Jumoke Oduwole lui a transmis un message d’amitié de la part de son homologue nigérian Bola Ahmed Tinubu, réaffirmant la volonté commune de bâtir une coopération « exemplaire ».

 

La prochaine étape est déjà fixée : les négociations du texte de l’accord commenceront en septembre 2025, avec pour ambition d’aboutir à un accord formel avant la fin de l’année.

 

Une dynamique régionale à surveiller

 

Cet accord bilatéral s’inscrit dans un contexte plus large de réorganisation des flux commerciaux en Afrique de l’Ouest, à l’heure où la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine) pousse les pays à harmoniser leurs politiques commerciales.

 

Le Bénin et le Nigeria jouent ici une partition stratégique, dans laquelle la coopération douanière, la modernisation des infrastructures et l’implication du secteur privé deviennent des leviers majeurs de croissance.

 

Ce partenariat en gestation pourrait bien devenir un modèle de coopération pragmatique, centré sur l’action et non les discours. Si les ambitions se traduisent effectivement par des réformes et des investissements concrets, alors le corridor Bénin-Nigeria pourrait devenir l’une des artères économiques les plus dynamiques de la sous-région.