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  • 17/07/2025

Bénin, Togo, Sénégal : NSIA Banque Bénin lance une obligation régionale inédite pour booster les MPME

Avec le soutien de la BOAD, de l’IFC et de British International Investment, NSIA Banque Bénin a lancé une opération de titrisation inédite pour financer les petites entreprises du Bénin, du Sénégal et du Togo. Une innovation financière qui pourrait faire école dans l’espace UEMOA.

 

Une innovation financière au service des économies ouest-africaines

 

L’accès au financement reste l’un des freins majeurs à la croissance des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) en Afrique de l’Ouest. Pour y remédier, une opération inédite a été lancée le 17 juillet à Cotonou : la première titrisation multi-pays jamais réalisée dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), axée spécifiquement sur le financement des MPME.

 

Baptisée « NSIA Banque Bénin 2025-2030 », l’émission obligataire porte sur un montant de 52 milliards FCFA (environ 90,4 millions de dollars). Elle a été structurée par BOAD Titrisation, via le véhicule ad hoc Keur Samba, en faveur de NSIA Banque Bénin, qui pourra ainsi élargir son portefeuille de prêts dans trois pays : le Bénin, le Sénégal et le Togo.

 

Trois partenaires de référence pour une opération pionnière

 

Le tour de table repose sur trois investisseurs d’ancrage majeurs :

  • L’IFC, membre du Groupe de la Banque mondiale, a apporté près de 14 milliards de francs CFA (environ 25 millions de dollars),
  • La BOAD et British International Investment (BII) ont chacune souscrit pour environ 8 milliards de francs CFA (14 millions de dollars).

 

Le reste du financement a été mobilisé auprès d’investisseurs locaux et régionaux : banques, compagnies d’assurance, fonds de pension et investisseurs individuels. L’opération a rencontré un fort engouement, avec une sursouscription de 15%, preuve d’un intérêt croissant pour des produits financiers innovants à impact.

 

Des priorités ciblées : inclusion, genre et climat

 

Cette titrisation ne se limite pas à une opération technique. Elle intègre des objectifs sociaux et environnementaux. Ainsi, 25% des fonds seront consacrés aux MPME dirigées par des femmes et 10% à des initiatives de financement climatique, dans une démarche alignée sur les grands enjeux de développement durable.

 

Pour Serge Ekué, président de la BOAD, l’opération « témoigne de notre engagement à apporter des réponses concrètes et durables aux besoins de financement du secteur privé ». Elle s’inscrit dans le programme Keur Samba, une initiative régionale portée par la BOAD, qui vise à structurer des titrisations adaptées aux réalités économiques de l’UEMOA.

 

Renforcer les marchés de capitaux locaux

 

En investissant dans cette obligation, l’IFC ne s’est pas contentée d’un appui financier. Elle a également piloté une assistance technique stratégique à travers le Joint Capital Markets Program (J-CAP), mis en œuvre avec la Banque mondiale. Ce programme a permis d’accompagner les réformes réglementaires, notamment la modernisation de la loi sur la titrisation au sein de l’UEMOA, et de soutenir la structuration de cette opération.

 

« Cette transaction représente une avancée majeure pour le financement des MPME dans la région », a déclaré Ethiopis Tafara, vice-président de l’IFC pour l’Afrique. Il souligne également le soutien à des entreprises agricoles et à des initiatives climatiques dans cette zone encore peu desservie par les instruments classiques de financement.

 

Keur Samba : catalyseur d’un marché régional de la titrisation

 

Lancé par la BOAD, le programme Keur Samba constitue le premier cadre multi-originateurs et multi-pays de titrisation dans la sous-région. Après deux premières opérations en Côte d’Ivoire, celle de NSIA Banque Bénin est la première structurée au Bénin, marquant une avancée majeure pour l’approfondissement des marchés financiers dans l’espace UEMOA.

 

Ce type de dispositif repose sur un véhicule ad hoc de titrisation, une entité à l’abri de la faillite, qui acquiert les créances d’une banque ou d’un ensemble d’établissements, les regroupe, et les transforme en titres négociables. Ces titres sont ensuite vendus à des investisseurs, qui perçoivent les flux issus des remboursements.

 

Pour Chris Chijiutomi, directeur général et responsable Afrique de la BII, cette opération démontre « le potentiel de mobilisation de capitaux locaux pour le développement des marchés financiers en Afrique ».

 

Vers un modèle reproductible pour l’inclusion économique

 

Au-delà de la seule NSIA Banque Bénin, cette titrisation constitue un prototype pour les institutions financières de la région. Elle ouvre une voie vers un financement plus inclusif, résilient et adapté aux cycles économiques des MPME, qui sont au cœur des économies ouest-africaines mais encore sous-financées.

 

En misant sur une approche régionale, sur la monnaie locale et sur des cibles à fort impact social, l’opération NSIA 2025-2030 pourrait bien devenir un précédent structurant pour l’intégration financière en Afrique de l’Ouest, et un catalyseur d’un marché régional plus dynamique et plus souverain.