Vous accompagnez surtout le secteur privé. Or la
situation varie selon les pays : certains comme la Côte d’Ivoire ou le
Sénégal sont plus stables, d’autres sont classés fragiles. Comment la SFI
agit-elle dans ces contextes plus complexes ?
C’est vrai, la stabilité macroéconomique et politique
favorise l’émergence d’un secteur privé fort. Mais il faut souligner la
résilience du secteur privé dans des pays fragiles comme le Mali, le Burkina
Faso ou le Niger.
Malgré les défis sécuritaires, nous observons une forte
activité, notamment dans l’agro-industrie ou la transformation des produits
agricoles. Ce sont souvent des investisseurs locaux ou régionaux qui
s’engagent. Ces pays ont aussi un fort potentiel minier. Et même si
l’insécurité freine les investisseurs internationaux, le secteur privé local
continue à se développer.
Les freins sont les mêmes qu’ailleurs : accès à
l’énergie, infrastructures, climat des affaires, formation. Ces pays sont
enclavés, ce qui complique encore les choses. La réhabilitation de certaines
liaisons, comme le chemin de fer Dakar-Bamako, aurait un impact considérable.
Et il ne faut pas sous-estimer le dynamisme de certains
entrepreneurs sahéliens, qui investissent également dans d'autres pays de la
région. Cela montre que le potentiel existe, même dans les contextes les plus
difficiles.
Nous sommes aussi dans un contexte où les financements
publics internationaux se raréfient. L’aide se transforme, les États-Unis ou
l’Europe réorientent leur coopération. Comment la SFI anticipe-t-elle ces
changements et leurs impacts sur ses activités en Afrique de l’Ouest ?
En effet, plusieurs changements structurants affectent
aujourd’hui la coopération mondiale. On peut d’abord mentionner les décisions
récentes des États-Unis en matière de politique commerciale – notamment
l’augmentation des tarifs douaniers – qui ont un impact global, et
potentiellement, des effets sur notre région.
Certains pays africains bénéficient actuellement d’un accès
préférentiel au marché américain, à travers des dispositifs comme l’AGOA. Mais
si ces avantages venaient à être remis en question, cela affecterait la
compétitivité de nos exportations. C’est une nouvelle donne qu’il faut
anticiper.
Par ailleurs, on observe une réduction progressive de ce
qu’on appelle l’aide au développement. Cela a commencé avec les États-Unis,
mais un effet domino est en cours : plusieurs pays donateurs révisent à la
baisse leurs contributions. Heureusement, à ce jour, les financements
concessionnels que nous mobilisons à la SFI n’ont pas été fortement impactés.
La majorité de nos ressources proviennent des marchés de capitaux grâce à notre
notation AAA, ce qui nous permet de continuer à financer nos opérations.
Mais pour les pays d’Afrique de l’Ouest, ces évolutions
appellent à une adaptation. C’est peut-être le bon moment pour accélérer
l’intégration économique régionale, en misant davantage sur le marché
continental via la mise en œuvre effective de la ZLECAf. Cela pourrait
compenser une éventuelle réduction d’accès aux marchés extérieurs.
C’est aussi l’opportunité d’explorer davantage les
financements privés et les marchés de capitaux pour pallier le retrait
progressif de certains guichets publics. L’Afrique est aujourd’hui moins
intégrée au commerce mondial que d’autres régions, ce qui limite l’impact
immédiat. Mais cela nous donne aussi une marge pour développer des réponses
endogènes, centrées sur nos propres forces et nos marchés.
Vous financez de nombreuses FinTech. Quel rôle
jouent-elles, avec les nouvelles technologies, dans la dynamisation du tissu
industriel ouest-africain ?
C’est un axe important de notre stratégie. Nous investissons
massivement dans des fonds dédiés aux start-up technologiques – qu’il s’agisse
de FinTech, AgriTech, HealthTech ou autres – car ces entreprises apportent des
solutions concrètes à des problèmes structurels.
Prenons l’agriculture. Si l’Afrique de l’Ouest reste en
retard sur l’agro-industrie, c’est en grande partie à cause d’un manque de
coordination entre production agricole et transformation. Ce n’est pas un
problème de terres ou d’eau, mais de productivité : les exploitations
agricoles sont petites, peu mécanisées, et peu accompagnées.
Les AgriTech, grâce à la technologie, permettent d’apporter
des services d’extension agricole, de conseil, et d’appui aux producteurs. Cela
améliore les rendements, stabilise la qualité et la quantité des matières
premières, et sécurise ainsi l’approvisionnement pour l’industriel.
En parallèle, les FinTech réduisent les délais de paiement
dans les chaînes de valeur. Par exemple, une PME qui vend à une grande
entreprise et attend 60 jours pour être payée peut, grâce à la FinTech, accéder
plus rapidement à un financement de son besoin en fonds de roulement. Cela
fluidifie les échanges entre les maillons de la chaîne.
Ces technologies agissent donc comme des
« tuyaux » qui accélèrent la circulation de l’élément le plus
vital : le cash. Elles jouent un rôle d’accélérateur de productivité, de
compétitivité, et permettent à nos économies de rattraper plus vite leur
retard.
Dernière question. Face à l’urgence climatique, comment
la SFI intègre-t-elle les considérations de durabilité dans ses investissements
en Afrique de l’Ouest ?
La durabilité est au cœur de notre stratégie. L’Afrique de
l’Ouest subit déjà les effets du changement climatique, de façon
concrète : inondations, sécheresses, parfois les deux au cours d’une même
année. Ce n’est pas une question théorique, c’est une réalité que nous
constatons sur le terrain.
C’est pourquoi nous ne finançons que des projets portés par
des clients qui partagent cette vision. Et au-delà du climat, la durabilité
représente aussi une opportunité économique. Lorsqu’on accompagne une chaîne de
valeur industrielle ou minière, nous encourageons fortement le recours à des
sources d’énergie renouvelable, comme le solaire, qui permettent non seulement
de réduire l’empreinte carbone, mais aussi de faire baisser significativement
les coûts.
Aujourd’hui, grâce aux progrès technologiques, il est
possible d’avoir un mix énergétique compétitif tout en étant respectueux de
l’environnement. Et cela devient un avantage économique, pas seulement une
exigence réglementaire.
Avant de financer un projet, nous procédons à une évaluation
environnementale et sociale approfondie : impact sur les communautés,
gestion des déchets, efficacité énergétique, gestion de la pollution, etc. Nos
clients apprécient cet accompagnement, car ils comprennent que c’est une
approche qui renforce la viabilité de leurs projets à long terme. Ce n’est pas
du dogmatisme, c’est du bon sens économique.
Avec Agence ecofin
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