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  • 25/08/2025

Burkina Faso : Le projet Target Malaria suspendu, entre science et souveraineté

Le Burkina Faso a officiellement suspendu toutes les activités du projet Target Malaria, initiative scientifique internationale visant à combattre le paludisme par la modification génétique des moustiques vecteurs. Cette décision, annoncée par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), marque une étape décisive dans le débat sur la sécurité biologique et la souveraineté nationale.

 

Selon le communiqué officiel publié le 22 août 2025, « les enceintes contenant les moustiques génétiquement modifiés sont sous scellés depuis le 18 août, et tous les échantillons seront détruits suivant un protocole indiqué ». Les moustiques mâles génétiquement modifiés, lâchés le 11 août dans le village de Souroukoudingan, ont été traités par les services techniques compétents pour éviter toute propagation non contrôlée.

 

Le projet Target Malaria, soutenu par la Fondation Bill & Melinda Gates et mené dans plusieurs pays africains, visait à réduire la population de moustiques Anopheles ou leur capacité à transmettre le parasite du paludisme. Cette approche, dite de « gene drive », suscite à la fois espoirs et controverses. Elle représente un potentiel scientifique majeur pour diminuer les cas de paludisme, maladie qui reste un fardeau économique et sanitaire considérable en Afrique subsaharienne.

 

Cependant, la décision burkinabè souligne la prudence nécessaire face à l’introduction de technologies génétiques sur le territoire national. Les autorités ont invoqué la nécessité de protéger l’environnement et de respecter la souveraineté scientifique et réglementaire du pays. Le gouvernement militaire, en place depuis janvier 2022, semble vouloir assurer un contrôle strict sur toute initiative de biotechnologie impliquant des organismes modifiés génétiquement.

 

Pour les experts, cette suspension pourrait ralentir les avancées de la recherche sur le paludisme dans la région, mais elle rappelle également que l’acceptation sociale et réglementaire est cruciale pour le succès de toute innovation scientifique. Comme l’indiquait le Dr. Sarah Zulu, chercheuse sur les vecteurs de maladies au Centre africain de contrôle des maladies : « Les innovations biotechnologiques peuvent sauver des vies, mais elles doivent être introduites avec transparence et consentement des communautés locales ».

 

L’arrêt du projet Target Malaria au Burkina Faso met en lumière le défi permanent entre progrès scientifique et gouvernance nationale, et rappelle que l’innovation en santé publique nécessite un équilibre délicat entre ambition technologique et responsabilité sociale.