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  • 23/07/2025

Centrafrique : La Banque mondiale injecte 9,2 millions $ pour financer la transition verte des villes

Classée parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique, la République centrafricaine déploie une stratégie urbaine fondée sur la nature. Avec l’appui de la Banque mondiale, Bangui et Berbérati entament un virage écologique pour renforcer leur résilience.

 

La Centrafrique fait face à une menace silencieuse, mais tenace : l’érosion climatique. Inondations, glissements de terrain, déforestation galopante… Dans les villes comme Bangui et Berbérati, les catastrophes naturelles se multiplient, dopées par une urbanisation désorganisée et des décennies de fragilité environnementale.

 

Pour y répondre, la Banque mondiale vient d’approuver un financement additionnel de 9,175 millions de dollars — soit plus de 5,3 milliards FCFA — destiné à renforcer le Projet Villes inclusives et résilientes (PROVIR). Ce soutien, issu du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), permettra de financer des solutions fondées sur la nature, telles que la reforestation des zones urbaines, la plantation d’arbres le long des voiries, ou encore la végétalisation des espaces publics.

 

Une urgence climatique ancrée dans les villes

 

Selon l’indice ND-GAIN, la République centrafricaine figure parmi les deux pays les plus vulnérables au monde face au dérèglement climatique. Dans les quartiers périphériques de Bangui, les fortes pluies transforment les rues en torrents, ravinant les sols, emportant les habitations précaires et mettant en péril les infrastructures.

 

Ces dégâts sont aggravés par l’absence d’aménagements urbains durables. D’où l’intérêt d’intégrer des infrastructures naturelles, capables de retenir les eaux de ruissellement, de stabiliser les sols et d’atténuer les effets extrêmes du climat.

 

« Les solutions fondées sur la nature présentent un potentiel considérable pour le pays », souligne Guido Rurangwa, responsable des opérations de la Banque mondiale pour la République centrafricaine. « En les combinant aux infrastructures grises de Bangui et Berbérati, elles augmenteront la capacité de rétention des eaux de pluie, réduisant ainsi les risques d'inondation et d'érosion des sols. Leur caractère polyvalent offrira également de nombreuses possibilités de subsistance, allant des produits forestiers à la pêche. »

 

Une approche inclusive, pensée pour les plus fragiles

 

Ce nouveau financement bénéficiera directement à environ 300 000 personnes réparties entre les deux villes ciblées. L’accent est mis sur les groupes les plus vulnérables : réfugiés, déplacés internes, rapatriés, femmes et jeunes, souvent exclus des grands projets d’aménagement urbain.

 

Pour ces communautés, les infrastructures vertes représentent bien plus qu’une barrière contre l’eau : elles sont aussi un levier d’intégration sociale et de relance économique. Les activités générées — entretien des plantations, exploitation de produits forestiers, petites cultures urbaines — offrent des opportunités de revenus pour des populations précarisées.

 

Un changement de paradigme dans l’urbanisme centrafricain

 

Loin d’un simple projet de reboisement, PROVIR s’inscrit dans une refonte globale du développement urbain. Le programme est adossé à la stratégie climat 2021-2025 de la Banque mondiale, qui promeut un modèle de développement vert, résilient et inclusif, tout en renforçant la compétitivité des villes.

 

Le projet bénéficie également du soutien technique et financier de partenaires internationaux tels que le Dispositif mondial pour la réduction des catastrophes et le relèvement (GFDRR), le Gap Fund et l’initiative NBS Invest, spécialisée dans la mobilisation de financements pour les solutions naturelles.

 

Nature, climat et cohésion sociale : une équation à résoudre

 

Au-delà des effets attendus sur le plan écologique, l’initiative vise aussi à restaurer le lien entre populations urbaines et environnement. Les arbres plantés aujourd’hui ont vocation à devenir demain des outils pédagogiques, des sources de revenus ou encore des espaces de rencontre.

 

Ce choix de “l’innovation sobre”, comme la qualifie un expert local, marque une inflexion notable dans la façon dont les politiques urbaines s’élaborent en Centrafrique : plus connectées à la réalité du terrain, aux cycles de la nature, et aux besoins de celles et ceux qui vivent en première ligne de la crise climatique.


À l’heure où le changement climatique ne se limite plus aux campagnes reculées mais frappe en plein cœur des villes, la République centrafricaine tente de reprendre la main. Et si sa vulnérabilité structurelle est encore criante, l’approche fondée sur la nature pourrait bien en être le point d’ancrage pour un avenir plus résilient.