Sahel : 137 millions de dollars pour transformer l’éducation en Mauritanie et au Tchad

Face à une jeunesse sahélienne en pleine explosion démographique, souvent privée d’un accès équitable à l’éducation, Mauritanie et Tchad ont décidé de frapper fort. Le 22 juillet 2025, les deux pays ont signé des accords pour financer le projet régional RELANCE, doté de 137 millions de dollars, avec le soutien de la Banque mondiale et de l’Allemagne.

Ce programme ambitieux s’attaque aux failles du système éducatif local, marqué par des disparités majeures et un besoin urgent d’adaptation aux réalités du terrain. Plus de 850 000 jeunes, dont la moitié sont des filles, pourront bénéficier de parcours d’apprentissage flexibles, inclusifs et adaptés. RELANCE vise aussi à intégrer les apprenants avec des besoins spécifiques, souvent marginalisés.

Une gouvernance éducative repensée

Au cœur du projet, un Institut régional d’éducation s’installera à Nouakchott. Son rôle ? Former les cadres du secteur, impulser la recherche appliquée et fournir des données solides pour orienter les politiques publiques. Soutenu par l’Association des universités africaines, cet institut ambitionne de devenir un centre d’excellence, moteur d’une coopération éducative pérenne entre Mauritanie et Tchad.

Innovation et inclusion : la nouvelle école sahélienne

En parallèle, des écoles ouvertes verront le jour dans chaque pays. Conçues pour toucher les jeunes éloignés du système scolaire classique, ces écoles hybrides mêleront apprentissage numérique, accompagnement présentiel et formation professionnelle. Cette approche novatrice vise à réduire le chômage en dotant la jeunesse de compétences concrètes, tout en offrant une seconde chance à ceux qui étaient exclus.

Sid’Ahmed Bouh, ministre mauritanien de l’Économie et des Finances, salue « un engagement collectif pour un Sahel résilient et tourné vers l’avenir ». De son côté, le ministre tchadien de l’Éducation, Dr Aboubakar Assidick Tchoroma, souligne que l’école ouverte est « une réponse concrète aux réalités éducatives » et portera « espoir à une jeunesse longtemps laissée pour compte ».

Partenariats solides pour des résultats durables

Le projet RELANCE bénéficie d’un soutien financier important de l’Allemagne via la KfW et le Fonds fiduciaire pour le Sahel. L’ambassadeur allemand en Mauritanie, Dr Florian Reindel, rappelle que cette initiative « reflète une approche régionale ambitieuse et pragmatique » pour bâtir des systèmes éducatifs plus inclusifs.

La Banque mondiale, représentée par Ousmane Diagana, vice-président pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, souligne que RELANCE capitalise sur les projets nationaux PASEB II (Mauritanie) et PARAEB (Tchad), tout en y ajoutant une dimension régionale. « Former les esprits, c’est tracer la voie vers un avenir meilleur », conclut-il.

Conçu comme une plateforme évolutive, RELANCE ouvre aussi la porte à d’autres pays sahéliens souhaitant rejoindre cette dynamique régionale. Il annonce ainsi la construction d’un espace éducatif intégré, capable de répondre aux aspirations d’une jeunesse dynamique, engagée et déterminée à transformer son avenir.