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  • 29/09/2025

CGECI Academy 2025 : Du diagnostic à l’action, l’Afrique face à l’impératif de souveraineté économique

Au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire, la 13ᵉ édition de la CGECI Academy s’est ouverte sur un mot d’ordre sans ambiguïté : « Souveraineté économique, le temps de l’action ». Ministres, chefs de gouvernement, patronat et institutions financières ont multiplié les appels à rompre avec la dépendance aux matières premières et à bâtir des économies africaines compétitives, résilientes et tournées vers la transformation locale.

 

Un diagnostic sévère mais lucide

 

Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Souleymane Diarrassouba, a rappelé l’ampleur du chemin à parcourir. « L’Afrique ne représente que 2% de la production manufacturière mondiale et exporte plus de 70% de ses matières premières à l’état brut », a-t-il souligné.

 

Avec des dépenses en recherche-développement limitées à 0,5% du PIB, loin de la moyenne mondiale de 2,2%, le continent reste en marge des grandes dynamiques d’innovation. Pour le ministre, la souveraineté ne se décrète pas : elle exige des investissements massifs dans la R&D, l’agriculture et les infrastructures productives.

 

Le patronat prône une souveraineté ouverte

 

Ahmed Cissé, président de la CGECI, a insisté sur la nécessité d’un changement de paradigme. « La souveraineté économique n’est pas synonyme de repli sur soi, mais de capacité à définir et mettre en œuvre nos propres choix de développement », a-t-il déclaré.

 

S’inspirant du modèle marocain et de son hub logistique Tanger Med, il a plaidé pour des partenariats stratégiques au sein de l’Alliance des patronats francophones afin de stimuler l’innovation et renforcer la compétitivité des entreprises africaines.

 

L’État ivoirien mise sur les champions nationaux

 

Le Premier ministre Robert Beugré Mambé a, pour sa part, insisté sur la nécessité d’accélérer. « Le temps n’est plus au diagnostic, le temps est à l’action », a-t-il martelé. S’appuyant sur une croissance ivoirienne de 6% en 2024, projetée à 6,7% d’ici 2027, il a détaillé une stratégie de segmentation des entreprises – des « poussins » aux « seniors » – afin d’accompagner leur montée en puissance. L’objectif : faire émerger de véritables champions nationaux capables de porter la souveraineté économique au-delà des frontières ivoiriennes.

 

La BAD trace une feuille de route continentale

 

Fraîchement élu, le président de la Banque africaine de développement, Sidi Ould Tah, a donné une dimension panafricaine au débat. Articulée autour de quatre « points cardinaux », sa vision repose sur la mobilisation des financements, la réforme de l’architecture financière africaine, la valorisation du capital humain et la construction d’infrastructures résilientes.

 

« Nous devons libérer le potentiel de nos PME, colonne vertébrale de nos économies, et accélérer la fabrique de champions africains », a-t-il plaidé, rappelant que ces entreprises représentent plus de 90% du tissu économique et génèrent 60% des emplois sur le continent.

 

De la parole aux actes

 

À l’heure où les fractures du commerce mondial poussent les grandes puissances à relocaliser et sécuriser leurs chaînes de valeur, l’Afrique voit s’ouvrir une fenêtre d’opportunité historique. Mais entre constats répétés et ambitions affichées, la CGECI Academy 2025 a surtout rappelé l’urgence : transformer les discours en actions tangibles. La souveraineté économique ne se mesurera pas seulement dans les déclarations d’intention, mais dans la capacité des États, du secteur privé et des institutions à bâtir une Afrique qui produit, transforme et exporte davantage de valeur.