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  • 11/09/2025

CinetPay au Sénégal : Entre soupçons et mise au point

Accusée par certains médias d’être impliquée dans des activités illicites, la fintech ivoirienne CinetPay tente de rassurer ses partenaires et de rétablir sa réputation. L’affaire met en lumière les fragilités de la régulation des paiements numériques en Afrique de l’Ouest.

 

Un scandale qui secoue la fintech

 

Depuis quelques jours, le nom de CinetPay circule au cœur d’une affaire judiciaire au Sénégal. Selon le quotidien Libération et plusieurs sites d’information locaux, la Division spéciale de cybersécurité (DSC) a ouvert une enquête sur des flux financiers suspects liés à une escroquerie de type Ponzi (Sunutech / Seyp) et à des paiements effectués vers des plateformes de jeux en ligne non autorisées, telles que 1Win ou Betwinner.

Un responsable commercial de CinetPay Sénégal, identifié comme M. Faye, a même été arrêté puis déféré au parquet.

L’ampleur évoquée par la presse est significative : plus de 10 milliards FCFA, soit 17,8 millions de dollars, auraient transité par des circuits frauduleux via la plateforme de paiement.

 

La défense officielle de CinetPay

 

Face à cette vague médiatique, CinetPay a réagi rapidement. Dans un communiqué publié le 10 septembre 2025 sur ses réseaux sociaux, la fintech affirme :

« CinetPay n’est pas mis en cause pour des activités illégales. Les faits rapportés concernent une société tierce ayant abusé de nos services (API) à des fins illicites. »

 

L’entreprise précise avoir pris plusieurs mesures immédiates :

  • la résiliation du contrat du marchand incriminé,
  • la transmission des informations aux autorités sénégalaises,
  • le dépôt de plainte contre l’entité concernée,
  • et le renforcement de ses contrôles internes.

 

Le communiqué souligne également que les collaborateurs commerciaux entendus par les enquêteurs « n’occupent aucune fonction dirigeante ni décisionnelle » au sein de la société.

 

Une réputation en jeu

 

CinetPay insiste sur son statut d’établissement de paiement agréé par la BCEAO, rappelant son engagement en faveur de l’inclusion financière et de la conformité réglementaire.
« L’entreprise réaffirme son attachement à ses valeurs de rigueur et de responsabilité », peut-on lire dans son droit de réponse officiel.

 

Mais cette défense, jugée nécessaire, ne met pas fin aux interrogations. Le document de perquisition mentionné par Libération et d’autres journaux reste flou. Surtout, la question centrale demeure : comment un marchand tiers a-t-il pu détourner le système sans que les mécanismes de contrôle ne l’arrêtent plus tôt ?

 

Les enjeux pour le secteur

 

Au-delà du cas CinetPay, l’affaire soulève un enjeu plus large. Le secteur de la fintech en Afrique de l’Ouest connaît une croissance rapide, soutenue par la digitalisation des paiements. Les agréments de la BCEAO sont censés garantir un cadre solide contre le blanchiment et la fraude.

 

Si les accusations sont confirmées, l’épisode pourrait fragiliser la confiance dans les solutions de paiement locales. À l’inverse, si la thèse du “marchand fraudeur isolé” s’impose, cela rappellera l’importance d’un renforcement constant des outils de surveillance et de conformité.

 

Une enquête à suivre

 

Pour l’instant, l’affaire reste en cours. Le parquet sénégalais n’a pas communiqué de décision définitive.
Entre une presse locale qui alerte sur des pratiques douteuses et une fintech qui se présente comme victime d’un marchand déviant, la vérité judiciaire devra trancher.

 

En attendant, CinetPay tente de limiter les dégâts réputationnels et de préserver la confiance de ses clients, dans un secteur où la crédibilité est aussi cruciale que la technologie.