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  • 23/09/2025

Commerce ivoirien : Le cacao et l’anacarde dopent les ventes

Le secteur du commerce en Côte d’Ivoire a connu une accélération remarquable en juillet 2025. Selon les dernières données publiées par l’Agence Nationale de la Statistique (ANStat), l’indice du chiffre d’affaires (ICA) a progressé de 18,1% en glissement annuel, confirmant une reprise nette après un premier semestre marqué par des contrastes.

 

Comment est calculé l’indice ?

 

L’ICA mesure l’évolution des ventes hors taxes des entreprises commerciales. Il est construit selon une méthode Laspeyres en base 2015 et publié chaque mois. Les résultats restent provisoires, avec une couverture pondérée de 95,6%, et ne sont pas encore désaisonnalisés. Autrement dit, l’indicateur reflète bien les tendances conjoncturelles mais doit être interprété avec prudence.

 

Les gagnants : gros, détail et mobilité

 

La progression est d’abord portée par le commerce de gros, qui bondit de +18,1%. Les ventes de produits agricoles, alimentaires et boissons s’envolent même de +73,7%, grâce à une bonne campagne du cacao et de la noix de cajou.
Le commerce de détail affiche aussi une croissance solide (+19,2%), avec une hausse plus marquée dans les magasins spécialisés (+20,9%).

Dans le secteur automobile, les ventes de véhicules progressent de 15,8%. Le marché des deux-roues, en plein essor, enregistre une expansion spectaculaire (+59,3%), un signe de la demande croissante de mobilité individuelle.

 

Les perdants : produits intermédiaires sous pression

 

Tous les segments ne profitent pas de cette embellie. Le commerce de produits intermédiaires non agricoles chute de 29,2%. Ce recul pourrait traduire un ralentissement de la demande industrielle ou des difficultés d’importation.

 

Un signal positif pour l’économie, mais fragile

 

Ces chiffres traduisent une dynamique favorable. Entre janvier et juillet 2025, le commerce ivoirien a progressé de 13,3% par rapport à la même période en 2024. Mais cette reprise reste étroitement liée aux performances agricoles.

 

La Banque mondiale rappelait déjà en 2023 que « la dépendance de la Côte d’Ivoire aux exportations de cacao et d’anacarde accroît sa vulnérabilité face aux chocs mondiaux » (Banque mondiale, Mise à jour économique Côte d’Ivoire, octobre 2023). Autrement dit, si les cours des matières premières se retournent, l’effet d’entraînement sur le commerce pourrait rapidement s’essouffler.

 

Le FMI partage cette prudence : dans son rapport de mai 2024 sur la Côte d’Ivoire, l’institution notait que « la diversification économique demeure essentielle pour réduire les risques liés à la volatilité des prix des matières premières ».

 

Questions ouvertes

 

Cette embellie pose plusieurs interrogations.

  • Qui profite réellement de la manne agricole : les producteurs, les grossistes, ou les exportateurs ?
  • Le boom des motos traduit-il un renforcement durable du pouvoir d’achat ou un ajustement à l’essor du transport urbain informel ?
  • Enfin, la baisse des produits intermédiaires est-elle conjoncturelle ou le signe d’une fragilité industrielle plus profonde ?

 

Juillet 2025 restera comme un mois de forte croissance pour le commerce ivoirien. Mais derrière la bonne nouvelle, l’économie reste exposée aux aléas agricoles et internationaux. La courbe monte, certes. Reste à savoir si elle s’inscrit dans la durée et si les retombées profiteront à tous les acteurs de la chaîne.