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  • 05/08/2025

Dangote Refinery : Afreximbank injecte 1,35 milliard $ pour consolider l’indépendance énergétique africaine

C’est un signal fort envoyé depuis le cœur de l’Afrique de l’Ouest. Afreximbank, la Banque africaine d’import-export, vient d’annoncer un engagement financier majeur de 1,35 milliard de dollars en faveur de Dangote Industries Limited (DIL), dans le cadre d’un prêt syndiqué de 4 milliards de dollars. Objectif : refinancer la construction du complexe de raffinage et pétrochimique de Lekki, au Nigéria — un projet d’envergure stratégique pour tout le continent.

 

Une ligne de financement aux ambitions continentales

 

Cette opération, structurée avec Afreximbank comme arrangeur principal mandaté, marque l’un des plus importants financements syndiqués sur les marchés africains en 2025. Elle vise à soulager les dépenses initiales du groupe Dangote et à renforcer son bilan pour accélérer la mise en service progressive de la raffinerie.

 

Installée dans la zone franche de Lekki, près de Lagos, cette infrastructure est conçue comme la plus grande raffinerie mono-train au monde — c’est-à-dire une installation dotée d’une seule ligne de traitement, un défi technique majeur à cette échelle. Sa capacité annoncée de 650 000 barils par jour en fait un atout considérable pour le Nigéria, mais aussi pour l’ensemble de la sous-région.

 

Afreximbank affirme son rôle de catalyseur

 

En s’alignant en tête de ce montage syndiqué, Afreximbank confirme son rôle de levier financier de l’industrialisation africaine. Pour son président, le professeur Benedict Oramah, cette opération « démontre une fois de plus que le développement de l’Afrique ne peut être financé efficacement que de l’intérieur. Ce n’est que lorsque les institutions africaines montrent la voie que d’autres peuvent suivre. »

 

Cette logique d’autosuffisance par le financement régional trouve un terrain d’application concret avec Dangote Refinery, déjà soutenue par Afreximbank dès ses premières phases d’exploitation. La banque continentale a notamment facilité des financements pour l’approvisionnement en brut et l’enlèvement des produits finis, assurant ainsi une continuité opérationnelle dans un secteur encore fragile sur le continent.

 

Industrialiser l’Afrique à partir de ses ressources

 

En production partielle depuis février 2024, la raffinerie de Dangote vise à transformer localement le brut nigérian, tout en réduisant drastiquement les importations de produits raffinés. Selon les projections du secteur, le Nigéria — premier producteur de pétrole brut d’Afrique — importe encore plus de 80% de ses carburants. Une aberration économique que le projet entend corriger.

 

Pour Aliko Dangote, PDG du groupe éponyme, ce refinancement constitue un pas décisif vers la réalisation de cette vision : « La contribution d’Afreximbank à ce financement historique souligne notre vision commune d'industrialiser l'Afrique de l'intérieur. »

 

L’objectif ne se limite pas au marché nigérian. DIL entend devenir un fournisseur régional majeur, capable de servir l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale, voire au-delà. Cette logique s’inscrit dans une dynamique plus large : renforcer la sécurité énergétique africaine tout en valorisant les ressources locales.

 

Un message à l’Afrique... et au monde

 

La réussite de ce tour de table reflète une confiance renouvelée dans la capacité de l’Afrique à porter des projets industriels lourds. La facilité syndiquée a attiré une forte participation d’institutions financières africaines et internationales, séduites par la robustesse du projet et la solidité de l’acteur principal.

 

Pour Afreximbank, cette opération s’inscrit dans sa stratégie continentale de transformation structurelle. Depuis plus de trois décennies, l’institution multiplie les innovations financières : système de paiement PAPSS pour soutenir la ZLECA, fonds d’ajustement de 10 milliards USD, mécanismes de garantie et lignes de crédit sectorielles.

 

Le refinancement de Dangote Refinery n’est pas seulement un jalon financier. C’est l’incarnation d’un changement de paradigme. Celui d’une Afrique qui finance sa propre transformation, qui produit ce qu’elle consomme, et qui se dote d’outils économiques souverains.

 

Un modèle qui reste à consolider, mais dont la raffinerie de Lekki pourrait bien devenir l’emblème.