Le prix producteur du cacao ghanéen connaît une hausse historique. Derrière cette annonce, une véritable reprise en main politique et sociale d’un secteur stratégique. Analyse.
Le gouvernement ghanéen vient d’annoncer une
mesure qui pourrait marquer un tournant dans l’histoire de sa filière cacao. Le
prix payé aux producteurs pour la campagne 2025/2026 grimpe à 5 040 dollars US
la tonne, contre 3 100 dollars l’année précédente. Soit une hausse de 62,58%,
sans précédent ces dernières années.
“Cette décision reflète notre engagement à
protéger les revenus des producteurs face à l’inflation et aux fluctuations
mondiales,” a déclaré Dr. Cassiel Ato Forson, ministre des Finances, dans un
communiqué publié le 4 août 2025.
Une promesse tenue : 70% du prix FOB
Cette revalorisation porte la rémunération des
producteurs à 70% du prix FOB (Free-On-Board), c’est-à-dire du prix
d’exportation brut. C’est la première fois depuis plusieurs campagnes que ce
seuil est atteint, respectant ainsi la promesse faite par le président John
Mahama lors de son retour au pouvoir.
En comparaison, sous l’administration précédente
(NPP), le prix FOB pour la campagne 2024/2025 s’élevait à 4 850 dollars, mais
les producteurs ne touchaient que 3 100 dollars, soit 63,9% du prix de vente.
Retour sur une décennie d’écarts croissants
Le Ghana, deuxième producteur mondial de cacao, a
longtemps été accusé par ses propres paysans de mal redistribuer les revenus
générés par les ventes internationales. En 2023/2024, des contrats
d’exportation avaient été conclus à plus de 6 260 dollars la tonne, mais le
prix payé aux cultivateurs restait inférieur à 2 100 dollars. Un fossé
injustifiable, à l’heure où le cacao atteignait des records sur les marchés
mondiaux.
“Ce déséquilibre est une des principales causes
de la pauvreté rurale persistante dans notre pays,” soulignait Kwabena Frimpong,
économiste à l’Université du Ghana, dans une analyse publiée dans le Daily
Graphic en mai 2024.
Une réforme qui va au-delà du prix
Le gouvernement Mahama ne s’est pas contenté de rehausser le tarif. Il a lancé une réforme structurelle de la filière cacao :
Autrement dit, l’État entend reprendre le
contrôle de toute la chaîne de valeur, tout en garantissant des conditions de
production éthiques.
Un signal fort au marché et aux partenaires
Cette politique, inédite depuis les années
Rawlings, envoie un message clair aux partenaires internationaux : le Ghana ne
bradera plus le travail de ses cultivateurs. L’objectif est aussi d'éviter la
fuite du cacao vers la Côte d’Ivoire, où les prix étaient souvent mieux alignés
sur les standards du marché.
Le COCOBOD (organisme public de régulation du
cacao) a également annoncé l'arrêt de certains projets d'irrigation
transfrontaliers, pour recentrer les investissements sur les exploitations
locales.
Une leçon régionale ?
Cette stratégie ghanéenne pourrait inspirer
d’autres pays producteurs. En Côte d’Ivoire, par exemple, les débats sur la redistribution
équitable des revenus et le manque de transparence du Conseil Café-Cacao
restent d’actualité. Le Ghana, en alignant le prix producteur sur les prix
internationaux, relance le débat sur le pouvoir de négociation des pays
africains face aux multinationales du chocolat.
Les producteurs au centre
Après des années de marginalisation, les
cacaoculteurs ghanéens reviennent au centre du jeu économique et politique. Ce
virage ne résout pas tout — il reste les défis du changement climatique, de la
spéculation et de la qualité des intrants — mais il marque une rupture
importante dans la manière dont l’État considère ses producteurs.
C’est, à tout le moins, le début d’une
réhabilitation attendue. Et peut-être, un modèle à suivre pour toute l’Afrique
cacaoyère.
Zinia Farnandiz Sep 28, 2024
Absolutely loved this post! Your tips on how to style a blazer are spot on. Keep up the great work, can’t wait for your next post!
Loren Watson Sep 18, 2024
Cover broad of topic in web development industry. Explained a lot of basic programming knowledge with easy to understand explanation.
Walter White Sep 29, 2024
Employees who have the flexibility to work remotely often report higher job satisfaction. This can lead to increased employee retention workforce.