Sous le vernis des promesses de partenariat renouvelé, l’Afrique et le FMI tentent de redéfinir les règles d’un dialogue vieux de soixante ans. Entre discours d’empathie, conditions persistantes et quête d’équité, le nouveau contrat moral qui se dessine interroge sur la place réelle du continent dans la gouvernance économique mondiale.
Depuis la création du Caucus africain en 1963,
les ministres africains des Finances et les gouverneurs de banques centrales
tentent de parler d’une seule voix face au Fonds monétaire international (FMI)
et à la Banque mondiale. L’objectif reste inchangé : faire entendre les besoins
d’un continent souvent perçu comme un terrain d’assistance plutôt que comme un
acteur stratégique. Mais le ton a changé. L’Afrique ne quémande plus, elle
revendique.
Lors de la dernière réunion du Caucus africain,
le message était clair : le FMI doit évoluer avec l’Afrique, ou risquer de la
perdre. Les ministres ont salué les réformes entreprises par l’institution,
notamment le soutien post-pandémie, l’allocation de 650 milliards de dollars en
Droits de Tirage Spéciaux (DTS) en 2021 et la création du Fonds fiduciaire pour
la résilience et la durabilité (RST). Mais ils pointent aussi le décalage entre
les promesses d’adaptation et la réalité des conditionnalités.
« L’Afrique est essentielle à la stabilité de
l’économie mondiale », a reconnu Kristalina Georgieva, directrice générale du
FMI. Pourtant, derrière cette formule flatteuse, de nombreux responsables
africains dénoncent une logique de dépendance entretenue par les programmes
d’ajustement et les critères de rigueur budgétaire. Ces derniers, souvent calqués
sur des modèles occidentaux, freinent l’investissement productif et la marge de
manœuvre budgétaire des États.
Le FMI, lui, plaide la prudence : éviter les
dérapages budgétaires, maintenir la stabilité des prix et protéger les
équilibres macroéconomiques. En théorie, rien de contestable. En pratique,
cette prudence se transforme souvent en corset pour des économies fragilisées
par les crises climatiques, les chocs démographiques et la dette. Selon la CEA
(Commission économique pour l’Afrique), plus de 20 pays africains sont
aujourd’hui en situation de surendettement ou à haut risque.
Le “nouveau contrat moral” que prône le FMI
repose donc sur une tension : comment concilier discipline financière et
développement inclusif ? L’Afrique réclame plus de flexibilité, un financement
du climat adapté, et surtout une réforme de la gouvernance du FMI.
Actuellement, le continent dispose de seulement deux sièges exécutifs sur 24,
pour 54 pays membres — un déséquilibre criant que même le Fonds reconnaît
timidement.
Sur le terrain, quelques signaux positifs
émergent : des partenariats renforcés avec les banques régionales africaines,
un appui technique mieux ciblé, et une volonté affichée de “coproduction des
politiques économiques”. Mais beaucoup doutent encore. Comme le confiait
récemment un haut responsable ouest-africain sous couvert d’anonymat : « Nous
voulons un FMI partenaire, pas un tuteur. »
Derrière les discours polis et les communiqués
équilibrés, le véritable enjeu est celui de la souveraineté économique
africaine. Le Caucus africain veut peser, le FMI veut coopérer, mais chacun
avance avec ses priorités. Entre promesses de réformes, conditions inchangées
et zones d’ombre persistantes, ce nouveau contrat moral ressemble encore à un dialogue
prudent entre un continent impatient et une institution qui apprend, lentement,
à écouter.
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