L’inauguration du Grand barrage de la Renaissance (GERD), la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique, consacre l’ambition éthiopienne de devenir un hub énergétique régional. Mais elle rallume aussi les tensions sur le Nil. L’Égypte, qui dépend à 97% du fleuve pour son approvisionnement en eau, a saisi le Conseil de sécurité de l’ONU, dénonçant une “menace existentielle”.
Construit sur le Nil Bleu pour un coût de 5
milliards de dollars, financé essentiellement par des contributions citoyennes
et des obligations d’État, le GERD déploie une capacité de 5 150 mégawatts –
soit plus du double de l’actuelle production électrique éthiopienne.
Addis-Abeba mise sur ce mégaprojet pour exporter son surplus vers le Soudan, le
Kenya ou encore Djibouti, générant jusqu’à un milliard de dollars par an. Pour
le Premier ministre Abiy Ahmed, ce barrage incarne “la souveraineté et l’avenir
de l’Afrique”, invitant à y voir un instrument de coopération régionale plutôt
qu’un facteur de division.
Au Caire, le ton est bien différent.
L’agriculture, qui représente 11% du PIB égyptien et emploie près d’un quart de
la population active, est perçue comme directement menacée par une éventuelle
baisse du débit. Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité, le ministre
des Affaires étrangères Badr Abdelatty accuse Addis-Abeba de violer la
Déclaration de principes signée en 2015 avec l’Égypte et le Soudan, exigeant
une gestion concertée du fleuve. L’Égypte, écrit-il, “se réserve le droit de
prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les intérêts vitaux de son
peuple” – une formule qui laisse planer l’ombre d’options allant au-delà de la
diplomatie.
Le Soudan, coincé entre ses deux voisins, oscille
entre inquiétude et opportunité. Si Khartoum redoute des crues mal maîtrisées,
il reconnaît aussi que le GERD pourrait stabiliser l’irrigation et réduire le
risque d’inondations. Les négociations, menées sous l’égide de l’Union
africaine depuis plus d’une décennie, n’ont jusqu’ici produit aucun accord
durable. En juillet 2025, Washington a proposé une médiation, sans résultat
concret.
Historiquement, l’avantage institutionnel reste
du côté du Caire. Les traités coloniaux de 1929 et 1959, jamais signés par
l’Éthiopie, réservent plus de 70 milliards de m³ d’eau par an à l’Égypte et au
Soudan, laissant Addis-Abeba en marge alors même que ses hauts plateaux
fournissent près de 85% du débit total du fleuve. Pour l’Éthiopie, le GERD est
donc autant un projet économique qu’un acte de rééquilibrage historique.
L’inauguration a rassemblé plusieurs chefs d’État
africains – du Kenya, de Somalie et de Djibouti – qui y voient un “triomphe
panafricain”. Mais l’absence remarquée de l’Égypte et du Soudan illustre la
fracture régionale. Sur les réseaux sociaux, les débats sont polarisés : fierté
nationale à Addis-Abeba, inquiétude quasi existentielle au Caire.
Au-delà de la rivalité politique, les enjeux
économiques sont colossaux. Bien géré, le GERD pourrait atténuer les effets du
changement climatique en réduisant l’évaporation par rapport au barrage
d’Assouan, tout en sécurisant des exportations énergétiques indispensables à la
croissance régionale. Mal géré, il pourrait accentuer les tensions, fragiliser
l’agriculture égyptienne et perturber les marchés alimentaires, déjà soumis à
des chocs récurrents.
Le Nil, artère vitale pour près de 300 millions
de personnes, reste ainsi suspendu à un accord encore introuvable sur le rythme
de remplissage et la gouvernance du barrage. Entre rêve d’intégration
énergétique et risque de crise hydrique, l’Afrique orientale joue l’un de ses
équilibres les plus stratégiques.
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