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  • 29/10/2025

L’Afrique de l’Ouest muscle sa lutte contre les flux financiers illicites

Le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) lance une initiative stratégique pour renforcer les capacités nationales en matière de recouvrement et de gestion des biens issus de la criminalité financière. Ce projet, soutenu par la Banque Africaine de Développement (BAD), s’inscrit dans le cadre du programme CD4AML/CFT, ciblant les États en transition de la région.

 

Objectif : professionnaliser les acteurs du recouvrement

 

L’appel à manifestation d’intérêt publié le 22 octobre vise à recruter des consultants individuels, francophones et anglophones, pour animer des ateliers nationaux. Ces sessions auront pour but de former les enquêteurs, procureurs, agences de gestion des biens et autres parties prenantes à des pratiques avancées de traçage, saisie et administration des avoirs criminels.

 

« Le recouvrement des biens volés est un levier essentiel pour restaurer la confiance dans les institutions publiques », rappelle le rapport 2023 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui souligne que moins de 1% des fonds détournés dans les pays en développement sont effectivement récupérés.

 

Des compétences pointues exigées

 

Les consultants devront justifier d’une expertise en droit, économie ou administration publique, ainsi qu’une formation spécialisée en lutte contre la corruption ou les crimes financiers. Une connaissance approfondie des normes internationales, telles que la Convention des Nations Unies contre la Corruption (CNUCC), est requise.

 

Le GIABA insiste aussi sur la maîtrise des outils technologiques d’analyse financière, la capacité à dispenser des formations efficaces, et une compréhension fine du contexte ouest-africain. L’expérience dans la coopération régionale et internationale est un atout majeur.

 

Un enjeu régional et stratégique

 

Dans une région où les flux financiers illicites représentent jusqu’à 5% du PIB selon la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies, la question du recouvrement des biens ne relève plus seulement du droit pénal. Elle touche à la souveraineté économique, à la transparence budgétaire et à la stabilité institutionnelle.

 

« Sans mécanismes robustes de recouvrement, les efforts de lutte contre le blanchiment restent lettre morte », estime le professeur Léonce Ndikumana, spécialiste des flux illicites en Afrique.

 

Procédure et calendrier

 

Les candidatures doivent être envoyées par email à l’unité de passation des marchés du GIABA avant le 5 novembre 2025 à 17h GMT. La sélection suivra les règles de la Banque Africaine de Développement, conformément à sa politique de passation de marchés adoptée en 2015.

 

Ce projet marque une étape importante dans la professionnalisation des mécanismes de lutte contre la criminalité financière en Afrique de l’Ouest. Il pourrait, à terme, favoriser une meilleure coopération entre États et renforcer la traçabilité des avoirs à l’échelle internationale.