Le Kenya ne manque pas d’électricité. Il manque de lignes pour la transporter. C’est ce verrou stratégique que Nairobi a décidé de faire sauter en signant, le lundi 15 décembre 2025, un partenariat public-privé (PPP) de 311 millions de dollars avec Africa50 et Power Grid Corporation of India, destiné à renforcer son réseau national de transmission.
Derrière cet accord, une réalité bien connue des
économistes de l’énergie : sans infrastructures de transport robustes, les
capacités de production — y compris renouvelables — restent sous-exploitées.
Pour un pays engagé depuis des années dans l’éolien et la géothermie, la
transmission est devenue le maillon critique.
Présent lors de la signature, le secrétaire principal
au Trésor national, Chris Kiptoo, a assumé ce virage stratégique. Selon lui, le
Kenya entend accélérer son développement économique par des investissements
ciblés dans les infrastructures énergétiques, tout en s’appuyant sur des
politiques publiques rigoureuses et une planification de long terme. Il a
rappelé que les partenariats public-privé permettent de mobiliser des capitaux
et une expertise technique de haut niveau, sans alourdir immédiatement la dette
publique.
Concrètement, le projet repose sur deux corridors de
transmission à haute tension. Le premier, une ligne de 400 kV entre Lessos et
Loosuk, traverse plusieurs comtés du Rift Nord. Il sécurise l’évacuation de
l’électricité éolienne produite autour du lac Turkana et crée un itinéraire
alternatif pour stabiliser un réseau historiquement vulnérable. Il facilitera
également l’intégration de nouvelles capacités géothermiques dans la zone de
Baringo-Paka-Silali, l’un des principaux bassins énergétiques du pays.
Le second corridor, une ligne de 220 kV reliant Kibos,
Kakamega et Musaga, cible l’ouest du Kenya. Cette région, longtemps pénalisée
par des pertes techniques élevées et des délestages récurrents, devrait
bénéficier d’une alimentation plus stable, condition essentielle à
l’industrialisation locale et à l’attractivité des investissements.
Au total, le dispositif permettra d’intégrer environ
300 mégawatts supplémentaires d’énergie géothermique et de réduire sensiblement
les interruptions de service. Pour l’exécutif kényan, l’enjeu dépasse la seule
sécurité énergétique : il s’agit de soutenir l’activité industrielle, les
services publics, l’agriculture mécanisée et les zones économiques régionales,
tout en garantissant un accès fiable à l’électricité pour les ménages.
Sur le plan institutionnel, l’accord marque aussi une
montée en maturité du cadre des PPP au Kenya. Le directeur général de la
Direction des partenariats public-privé, Kefa Seda, souligne que le projet a
suivi l’ensemble des exigences prévues par la loi sur les PPP de 2021, avec des
évaluations techniques, financières et juridiques approfondies, ainsi que les
validations du comité des PPP, du conseil d’administration de KETRACO et du
procureur général. La structure du contrat repose sur un mécanisme de paiement
basé sur la disponibilité du service, liant la rémunération du partenaire privé
à la performance réelle du réseau et limitant l’exposition budgétaire de
l’État.
Pour Africa50, l’enjeu est clairement continental. La
plateforme d’investissement, soutenue par des gouvernements africains, la
Banque africaine de développement et des investisseurs institutionnels,
présente ce projet comme le premier PPP de transport d’électricité de cette
nature en Afrique. L’objectif est de démontrer qu’il est possible d’aligner
capitaux publics et privés pour financer des infrastructures de transmission,
longtemps négligées au profit de la seule production.
Ce précédent pourrait faire école. Dans de nombreux
pays africains, la faiblesse des réseaux empêche l’absorption des énergies
renouvelables et freine la croissance. En testant un modèle réplicable,
Africa50 et ses partenaires cherchent à ouvrir un nouveau cycle
d’investissements structurants à l’échelle du continent.
Le projet intègre par ailleurs des engagements sociaux
et locaux. Le recours à des consultants et sous-traitants nationaux,
l’inclusion des femmes, des jeunes et des personnes handicapées, ainsi que des
mécanismes de compensation pour les populations affectées, font partie des
obligations contractuelles, avec un accent mis sur le transfert de compétences.
En filigrane, le message est clair. Le Kenya ne se
contente plus d’augmenter sa capacité de production électrique. Il investit
désormais dans les infrastructures invisibles mais décisives qui transforment
l’énergie en croissance. Dans un contexte africain marqué par des réseaux
sous-dimensionnés, ce choix pourrait bien redéfinir les priorités du secteur
énergétique.
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