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  • 17/06/2025

Ghana : la note souveraine remonte, la confiance revient


Le Ghana revient dans les radars des investisseurs internationaux. Fitch Ratings a relevé la note de crédit du pays à long terme en devises étrangères, la faisant passer de « défaut restreint » (RD) à « B- », avec une perspective stable. Cette annonce, faite le 16 juin 2025, salue les avancées du pays en matière de gestion de la dette et de reprise économique.

Une restructuration qui porte ses fruits

Le relèvement de la note par Fitch fait suite à la restructuration réussie de 13,1 milliards de dollars de dette extérieure en euro-obligations, conclue en octobre 2024. Désormais, seuls 2,6 milliards de dollars de dette extérieure restent à régler, dont 700 millions classés comme dette commerciale. L'agence de notation estime que le risque de non-coopération est désormais faible.

En parallèle, le protocole d'accord signé en janvier 2025 sur 5,1 milliards de dollars de dette bilatérale représente une avancée majeure. Fitch anticipe une finalisation complète de la restructuration d'ici fin 2025, une étape cruciale pour restaurer la crédibilité financière du pays.

https://twitter.com/MoF_Ghana/status/1934825649593557147

Discipline budgétaire retrouvée

Après un creusement du déficit primaire à 3,9% du PIB en 2024, année électorale, les nouvelles autorités misent sur un redressement. Le gouvernement vise un excédent primaire de 1,5% en 2025, principalement par la maîtrise des dépenses. Fitch reste plus prudente, prévoyant un excédent de 0,5% en 2025, qui progresserait à 0,9% en 2026.

Le service de la dette extérieure semble, lui, sous contrôle. Fitch évalue son poids à 1,2% du PIB (soit 1,2 milliard de dollars) en 2025. Dans le même temps, les réserves internationales ont atteint 6,8 milliards de dollars, renforçant la capacité du pays à honorer ses engagements extérieurs.

Allègement progressif des pressions

La dette intérieure, en revanche, reste un point de tension. Les intérêts sur la dette locale devraient représenter 3,6% du PIB en 2025. Mais la baisse des taux des bons du Trésor et la réouverture du marché obligataire sont de bons signaux pour réduire les tensions de liquidité à court terme.

Côté dette publique globale, la tendance est à la décrue : de 93% du PIB en 2022 à 72% en 2024, elle devrait tomber à 60% en 2025 et 2026, soutenue par une croissance nominale forte, la hausse du cedi et une politique budgétaire rigoureuse.

Reprise de la croissance, chute de l’inflation

Malgré les turbulences, l’économie ghanéenne a résisté. En 2024, la croissance du PIB réel a atteint 5,7%, tirée par l’agriculture et les services. Fitch prévoit 4% en 2025 et 4,5% en 2026.

L’inflation, quant à elle, amorce une nette décélération : 23% en 2024, attendue à 15% en 2025 et 10% en 2026, grâce à la hausse du cedi, à une politique monétaire prudente et à la baisse des prix des produits alimentaires et énergétiques. La Banque du Ghana devrait commencer à abaisser son taux directeur dès juillet 2025.

ESG : stabilité politique mais gouvernance perfectible

Fitch accorde au Ghana un score ESG de « 5 » sur des critères comme la stabilité politique, l’État de droit et la qualité des institutions. L’agence salue l’historique de transitions démocratiques pacifiques, mais note que la corruption et les faiblesses institutionnelles continuent d’affecter la solidité du profil de crédit.

Encore spéculatif, mais en nette amélioration

Ce relèvement de note replace le plafond du Ghana à « B- », confirmant l’absence de contraintes majeures sur l’accès du secteur privé aux devises étrangères. Le pays reste toutefois dans la catégorie des actifs hautement spéculatifs, et devra encore surmonter plusieurs défis pour regagner une pleine crédibilité.

Des risques subsistent : chocs externes, tensions sur la liquidité ou retard dans les réformes pourraient peser sur les prochaines notations. À l’inverse, le renforcement des réserves et la consolidation fiscale pourraient ouvrir la voie à une nouvelle amélioration.

En somme, la décision de Fitch illustre un tournant dans le parcours économique du Ghana, entre assainissement financier et retour progressif de la confiance internationale.

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