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  • 12/11/2025

Ghana : Le cedi retrouve sa stabilité, mais l’éthique reste le défi majeur du secteur bancaire

Le Ghana affiche des résultats économiques remarquables. Après une crise monétaire sévère en 2022-2023, le pays a réussi à stabiliser sa monnaie et à restaurer la confiance des marchés. Mais derrière cette performance, un autre combat s’impose : celui de l’éthique bancaire.

 

Lors de la Conférence panafricaine des gouverneurs de banques centrales, organisée avec la Banque d’Angleterre, le Gouverneur de la Banque du Ghana, Dr. Johnson Pandit Asiama, a rappelé que « la crédibilité et la transparence fonctionnent. La discipline fonctionne. Et peut-être plus important encore – la patience fonctionne ». Ce message, prononcé devant 23 banques centrales africaines, souligne que la stabilité monétaire ne se décrète pas, elle se construit dans la durée.

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’inflation est tombée à 8% en octobre 2025, contre plus de 54 % en 2022. Les réserves internationales atteignent 11,4 milliards de dollars US, soit 4,8 mois de couverture des importations. Le cedi s’est apprécié de 37% en 2025, devenant la monnaie la plus performante d’Afrique subsaharienne selon la Banque mondiale.

 

Mais cette stabilité reste fragile. Les actifs numériques, notamment les cryptomonnaies et les stablecoins, bouleversent les flux financiers. « Des millions de devises fortes circulent chaque mois via des portefeuilles crypto, souvent en dehors des canaux bancaires formels », a averti Asiama lors de la 29ᵉ Conférence nationale sur la banque et l’éthique. Pour répondre à ces défis, la Banque du Ghana prépare une loi sur les prestataires de services d’actifs virtuels (VASP) et pilote l’e-Cedi, une monnaie numérique de banque centrale destinée à préserver la souveraineté monétaire.

 

Au-delà de la technologie, le Gouverneur insiste sur la dimension morale du secteur financier. Le rapport de la Banque du Ghana sur la fraude en 2024 révèle une hausse de 5% des cas, avec une valeur à risque de 99 millions de cedi ghanéen. Les fraudes impliquant le personnel bancaire sont en augmentation, menaçant la confiance du public.

 

Pour y répondre, la Banque du Ghana et le Chartered Institute of Bankers (CIB) Ghana ont lancé un Code d’éthique bancaire et préparent une certification obligatoire en éthique pour les professionnels du secteur. « L’éthique n’est pas un coût ; c’est un investissement stratégique. C’est le fondement sur lequel la confiance, l’innovation et la résilience se construisent », a martelé Asiama.

 

Ces réformes s’inscrivent dans une dynamique plus large : principes de banque durable, directives renforcées sur la protection des consommateurs et surveillance accrue du digital lending. L’objectif est clair : aligner le secteur bancaire ghanéen sur les standards mondiaux de transparence et de gouvernance.

 

Enjeux. Le Ghana illustre aujourd’hui une double réalité. D’un côté, une monnaie stabilisée et des fondamentaux économiques solides. De l’autre, un secteur bancaire confronté à des défis éthiques et technologiques. La stabilité du cedi ne suffira pas si la confiance des citoyens et des investisseurs est minée par des pratiques douteuses.

 

Le message du Gouverneur est donc sans ambiguïté : la stabilité monétaire doit aller de pair avec une stabilité morale. Car dans un monde où les marchés réagissent à chaque signal, la véritable force d’une économie réside autant dans ses chiffres que dans la confiance qu’elle inspire.