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  • 09/09/2025

Hydrocarbures : Sangomar propulse le Sénégal parmi les grands producteurs africains

Le Sénégal franchit un cap historique dans le secteur pétrolier. Le champ offshore de Sangomar, situé à 100 km au large de Dakar, voit ses prévisions de production pour 2025 révisées à 34,5 millions de barils, contre 30,53 millions initialement. Une hausse de près de 4 millions de barils qui traduit une performance opérationnelle au‑delà des attentes.

 

Opéré par l’australien Woodside Energy (82% des parts) en partenariat avec la société nationale Petrosen (18%), Sangomar a démarré sa production en juin 2024, marquant l’entrée officielle du Sénégal dans le cercle des nations productrices de pétrole. Entre janvier et août 2025, le champ a déjà extrait plus de 24 millions de barils, portant le cumul depuis le lancement à 41,03 millions de barils, dont 40,24 millions ont été commercialisés via 42 cargaisons. Seul le mois d’août a vu l’exportation de 2,9 millions de barils en trois cargaisons vers des marchés comme la Chine, les Pays-Bas et les États-Unis.

 

Selon le ministère de l’Énergie, cette révision s’explique par « la robustesse des performances opérationnelles et la bonne tenue des puits ». Le plateau de production stable à 100 000 barils par jour, combiné à une fiabilité élevée des infrastructures, a permis cette optimisation. Woodside confirme une production trimestrielle de 50,1 millions de barils équivalent pétrole au deuxième trimestre 2025.

 

Sur le plan économique, Sangomar représente une manne considérable. À fin juillet 2025, les recettes cumulées ont atteint 1 536 milliards de FCFA (≈2,3 milliards d’euros), dont 307 milliards reversés à l’État via impôts et part de Petrosen. Sur 25 ans, le champ pourrait générer jusqu’à 60 milliards de dollars pour le Sénégal, sur la base d’un prix moyen du baril de 84 dollars.

 

Mais le dossier reste sensible. Le président Bassirou Diomaye Faye réclame un audit et une renégociation des contrats, jugés déséquilibrés, avec seulement 20 à 25% de « profit oil » pour l’État. Dans le même temps, le raffinage local se développe : la Société Africaine de Raffinage (SAR) a traité sa première cargaison de 650 000 barils en février 2025 et vise à absorber l’intégralité de la production d’ici 2028.

 

Le gaz associé suit la même dynamique. Au premier trimestre 2025, 548 078 mètres cubes ont été commercialisés. Le projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA), partagé avec la Mauritanie, a livré sa première cargaison de GNL en février 2025, renforçant la souveraineté énergétique régionale.

 

L’impact de Sangomar sur le PIB national pourrait atteindre 2 à 3% par an, mais le Sénégal doit composer avec la volatilité des prix mondiaux, les impacts environnementaux et la nécessité de diversifier son économie. Pour Meg O’Neill, PDG de Woodside, « Nous sommes fiers des réalisations à Sangomar et engagés pour l’avenir. »

 

À l’horizon 2026, le vrai défi sera d’assurer la croissance tout en amorçant la transition énergétique. Pour un pays nouveau venu dans le pétrole, concilier performance économique et durabilité devient le test ultime.