Industrie ivoirienne : Des prix en pleine ébullition

L’économie industrielle ivoirienne traverse une phase de renchérissement marquée. Selon la dernière publication de l’Agence Nationale de la Statistique (ANStat), l’Indice des Prix de Production dans l’Industrie (IPPI) a bondi de 9,9% en juillet 2025 par rapport à juillet 2024. Sur les sept premiers mois de l’année, la hausse atteint 12,8%, un niveau inédit depuis la réforme méthodologique de l’indice.

Ce mouvement haussier est porté par deux moteurs : les industries extractives et les produits alimentaires manufacturés.

Les minerais métalliques en tête

Les industries extractives enregistrent une flambée de 21,5% sur un an. En cause, la hausse spectaculaire des prix des minerais métalliques, qui grimpent de 37,5%, contribuant à hauteur de 7,43 points à la croissance globale de l’indice.

Cette dynamique s’inscrit dans un contexte international de forte demande en métaux stratégiques, notamment pour les technologies vertes et les infrastructures. Selon MiningWeekly, « la pression sur les chaînes d’approvisionnement en métaux critiques pousse les prix à des niveaux records ».

À l’inverse, la branche hydrocarbures affiche une baisse de 13,3%, reflet d’un ajustement tarifaire ou d’une contraction de la demande locale.

L’alimentaire, un secteur sous tension

Du côté des industries manufacturières, la hausse est plus modérée : +5,7% en juillet. Mais elle cache une poussée très forte des produits alimentaires, dont les prix de production ont augmenté de 25,2% sur un an.

Cette inflation sectorielle pourrait s’expliquer par la hausse des coûts des intrants agricoles, des perturbations logistiques et des effets climatiques. Le secteur agroalimentaire, pilier de la transformation locale, semble pris en étau entre demande croissante et pression sur les marges.

Électricité, eau, environnement : stabilité réglementée

Les industries de production et de distribution d’électricité, de gaz et d’eau affichent une stabilité remarquable. Depuis l’ajustement tarifaire de janvier 2024 (Arrêté interministériel N°1355/MMPE/MBP), les prix n’ont pas bougé.

Même constat pour les industries environnementales, dont les prix sont figés depuis janvier 2020. Cette inertie tarifaire peut être interprétée comme une volonté politique de contenir les coûts des services publics essentiels.

Une lecture stratégique

L’IPPI rénové, calculé selon une méthode Laspeyres à base mobile, reflète mieux les réalités du tissu industriel ivoirien. Il s’appuie sur un échantillon de plus de 300 produits suivis auprès de 150 entreprises, avec des pondérations actualisées chaque année.

Mais attention : les données ne sont pas désaisonnalisées. Les variations mensuelles doivent donc être interprétées avec prudence, notamment dans les secteurs sensibles aux cycles agricoles ou climatiques.

La hausse des prix de production industrielle en Côte d’Ivoire en 2025 révèle des tensions sectorielles profondes. Elle interpelle sur la compétitivité des filières locales, la résilience des chaînes de valeur et les arbitrages politiques à venir.

Comme le souligne Franck Hervé Akaffou, directeur de publication à l’ANStat : « L’IPPI rénové est un outil stratégique pour anticiper les mutations industrielles et guider les décisions économiques ».