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  • 05/11/2025

La RDC obtient le feu vert du FMI pour consolider sa stabilité économique, mais reste sous la contrainte d’une discipline budgétaire serrée

Le Fonds monétaire international (FMI) et les autorités congolaises ont trouvé un terrain d’entente sur la deuxième revue du programme soutenu par la Facilité Élargie de Crédit (FEC) et la première revue du programme de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD). Cet accord, encore soumis à l’approbation du Conseil d’administration du FMI prévue en décembre, ouvre la voie à un nouveau décaissement tout en confirmant la stabilité macroéconomique retrouvée de la République Démocratique du Congo. Mais cette stabilité reste conditionnée à une rigueur budgétaire de tous les instants.

 

Une économie résiliente, portée par le secteur minier

 

L’activité économique congolaise résiste bien. Selon Calixte Ahokpossi, chef de mission du FMI pour la RDC, « la croissance du PIB réel dépassera 5% en 2025 et 2026 », tirée par le dynamisme du secteur extractif, en particulier le cuivre et le cobalt, dont la demande mondiale ne faiblit pas.
Parallèlement, l’inflation a reculé à 2,5% en octobre, bien en deçà de la cible de 7% fixée par la Banque centrale du Congo (BCC). Cette désinflation rapide découle d’une appréciation du franc congolais et de mesures prudentielles sur les réserves bancaires. Pour le FMI, cette performance traduit une meilleure coordination entre politique monétaire et politique budgétaire.

 

Mais au-delà de ces chiffres encourageants, l’institution appelle à la prudence : la stabilité des prix pourrait être compromise si les tensions à l’Est et la pression sur les dépenses publiques venaient à s’intensifier.

 

Des comptes publics fragilisés par la guerre

 

Le conflit armé persistant dans l’Est continue de drainer une part importante du budget de l’État. Malgré ce fardeau, Kinshasa a su préserver une discipline budgétaire exemplaire, limitant le déficit intérieur grâce à la réduction du train de vie de l’administration et à la réaffectation de certaines dépenses d’investissement.


Le FMI reconnaît ces efforts, tout en exhortant le gouvernement à maintenir le cap de la prudence pour dégager davantage de marges en faveur des dépenses sociales et sanitaires, notamment dans les zones affectées par l’épidémie d’Ebola dans le Kasaï.

 

Le projet de loi de finances 2026 prolonge cette stratégie : rationalisation des dépenses non essentielles, suppression progressive des subventions sur les carburants dans le secteur minier, et généralisation de la facturation normalisée de la TVA. Ces mesures visent à élargir la base fiscale sans étouffer la reprise économique.

 

Des réformes structurelles qui progressent

 

Sur le plan institutionnel, le pays avance dans la modernisation de la gestion des finances publiques : création du Trésor public, mise en œuvre du compte unique du Trésor et meilleure traçabilité des dépenses. Ces progrès sont salués par le FMI, même si l’organisation estime que la gouvernance et la transparence doivent encore être renforcées, notamment dans le secteur extractif, pilier des recettes mais aussi foyer de vulnérabilités.

 

La lutte contre la corruption, la rationalisation de la masse salariale et la maîtrise des investissements publics figurent désormais au cœur des priorités de réforme. La réussite de ces chantiers conditionnera la crédibilité budgétaire du pays à moyen terme.

 

Une stratégie climatique saluée

 

Sous la Facilité pour la Résilience et la Durabilité, la RDC montre également des signes d’engagement concret dans la lutte contre les dérèglements climatiques. Le gouvernement a déjà préparé une analyse budgétaire des coûts liés aux chocs climatiques et adopté une politique nationale de gestion des risques de catastrophes naturelles.

Ces avancées démontrent, selon le FMI, la volonté du pays d’intégrer la dimension environnementale dans sa stratégie économique, un choix stratégique pour une économie dépendante de ses ressources naturelles.

 

Un équilibre encore précaire

 

« Les autorités sont encouragées à maintenir le cap », a souligné Calixte Ahokpossi, tout en saluant la qualité du dialogue entre le FMI et les institutions congolaises. Le Fonds reste toutefois attentif à la fragilité structurelle de l’économie congolaise : une dépendance excessive au secteur minier, un contexte sécuritaire volatil et un environnement des affaires encore peu attractif.

 

Malgré tout, la RDC affiche aujourd’hui des indicateurs macroéconomiques solides : croissance soutenue, inflation maîtrisée et début de consolidation budgétaire.
Reste à savoir si cette stabilité, encore fragile, pourra se transformer en croissance inclusive et en développement tangible pour une population qui attend toujours les dividendes de la paix et de la richesse minière.