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  • 20/11/2025

L’Afrique face au basculement stratégique de l’aide publique au développement en 2026

En 2026, l’Afrique se retrouve au cœur d’une recomposition majeure des flux d’aide publique au développement. Trois acteurs dominants – les États-Unis, l’Union européenne et la Chine – adoptent des trajectoires divergentes qui redessinent les équilibres financiers et géopolitiques du continent.

 

Le retrait américain est brutal. Le budget fédéral présenté par Donald Trump prévoit la suppression de piliers historiques de l’aide, comme l’USAID et le Millennium Challenge Corporation. Résultat : une réduction de plus de 80 % des financements internationaux, avec l’arrêt de la contribution américaine au Fonds africain de développement. Ce désengagement fragilise directement les programmes humanitaires et sociaux, qui dépendaient largement des flux venus de Washington.

 

L’Union européenne, elle, ne coupe pas ses financements mais les transforme. Avec son initiative Global Gateway, Bruxelles promet 150 milliards d’euros pour l’Afrique, orientés vers les infrastructures, la transition énergétique et les partenariats public-privé. L’Europe cherche à se positionner comme un investisseur stratégique, mais cette évolution soulève une question : l’APD classique, tournée vers la solidarité et les besoins sociaux, ne risque-t-elle pas d’être reléguée au second plan ?

 

La Chine, enfin, consolide son influence. Lors du Forum de coopération sino-africaine (FOCAC) de 2024, Pékin a promis 50 milliards de dollars sur trois ans pour financer dix actions prioritaires, dont la création d’un million d’emplois. Fidèle à sa stratégie de la Belt and Road Initiative, la Chine continue d’investir massivement dans les infrastructures, renforçant sa position de premier partenaire bilatéral du continent.

 

Ce basculement stratégique place l’Afrique devant une équation complexe. Les financements américains disparaissent, les flux européens se réorientent, et les capitaux chinois s’imposent. Pour les pays les plus dépendants de l’APD – Niger, Burkina Faso, Somalie, Soudan du Sud, Mali, Éthiopie, Mozambique, RDC, Tchad – l’enjeu est vital : trouver de nouvelles sources de financement pour préserver l’éducation, la santé et la stabilité macroéconomique.

 

L’Afrique n’est pas condamnée à subir. Ce moment peut être l’occasion de diversifier ses partenariats, de renforcer ses capacités internes et de repenser son modèle de développement. Mais il exige une vigilance accrue : la dépendance à un seul acteur, quel qu’il soit, comporte toujours des risques.

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