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  • 20/11/2025

Baisse annoncée de l’aide publique au développement en 2026 : Quels pays africains sont les plus menacés ?

L’année 2026 s’annonce comme un tournant pour le financement du développement en Afrique. Plusieurs gouvernements occidentaux ont déjà annoncé des coupes budgétaires significatives dans leur aide publique au développement (APD), suscitant l’inquiétude des pays africains les plus dépendants de ces flux. Dans un contexte de pressions budgétaires internes, de reconfiguration géopolitique et de montée des priorités nationales, les pays les plus vulnérables risquent de voir leurs marges de manœuvre se réduire drastiquement.

 

Des annonces budgétaires préoccupantes

 

  • États-Unis : Le projet de budget fédéral 2026 présenté par Donald Trump prévoit la suppression ou la réduction drastique de plusieurs instruments d’aide, dont USAID, MCC et USADF.
  • France : Le projet de loi de finances 2026 prévoit une baisse significative de l’APD, qualifiée de « coup de rabot » par Alternatives Économiques. Les ONG françaises alertent sur l’impact pour leurs programmes en Afrique.
  • OCDE : Les projections indiquent une baisse globale de l’APD nette mondiale de 9 à 17% en 2025, avec une chute possible de 13 à 25% pour les pays les moins avancés (PMA).

 

Les pays africains les plus menacés

 

Selon les données de l’OCDE, du FMI et des ONG internationales, plusieurs pays présentent une forte vulnérabilité à la baisse de l’APD :

 

Pays

Dépendance à l’APD

Secteurs à risque

Niger

Très élevée

Éducation, sécurité, infrastructures

Burkina Faso

Très élevée

Santé, lutte contre le terrorisme

Somalie

Très élevée

Humanitaire, gouvernance

Soudan du Sud

Très élevée

Aide alimentaire, reconstruction

Mali

Très élevée

Stabilisation post-crise

Éthiopie

Élevée

Développement rural, post-conflit

Mozambique

Élevée

Santé, résilience climatique

RDC

Élevée

Santé, éducation, infrastructures

Tchad

Élevée

Humanitaire, sécurité

Côte d’Ivoire

Moyenne à élevée

Éducation de base (selon UNICEF)

 

Une pression budgétaire croissante

 

L’édition 2023 de The World Ahead (The Economist) révèle que plusieurs pays africains consacrent plus de 6% de leur PIB au paiement des intérêts de la dette, notamment le Ghana, la Zambie et l’Angola. Cette charge limite leur capacité à compenser une baisse de l’APD par des ressources internes ou des emprunts supplémentaires.

 

Conséquences attendues

 

  • Programmes éducatifs : En Côte d’Ivoire, la Fondation Jacobs alerte sur l’impact des coupes dans l’éducation de base pour 4 millions d’élèves.
  • Santé publique : Les campagnes de vaccination et la lutte contre le paludisme et le VIH sont menacées dans plusieurs pays.
  • Stabilité macroéconomique : Les pays à forte charge d’intérêts sur la dette sont particulièrement vulnérables à une réduction des flux extérieurs.

 

Vers quelles alternatives ?

 

Face à ce désengagement occidental, plusieurs États africains se tournent vers :

  • La Chine, via la Belt and Road Initiative, qui continue d’investir massivement dans les infrastructures africaines.
  • Les marchés obligataires, malgré des conditions de financement de plus en plus restrictives.
  • Les partenariats privés et philanthropiques, encore limités mais en croissance.

 

La baisse annoncée de l’APD en 2026 représente une menace réelle pour les pays africains les plus dépendants de ces financements. Elle appelle à une diversification urgente des sources de financement, à une refonte des stratégies de développement et à une vigilance accrue des acteurs institutionnels et privés.