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  • 08/12/2025

Mali : L’État reprend (enfin) la main — 1,2 milliard de dollars récupérés auprès des géants miniers

Le lundi 1er décembre dernier, lors d’une cérémonie solennelle au palais présidentiel de Koulouba, le Commission de négociation et de renégociation avec les sociétés minières a remis son rapport final au chef de la transition, le général Assimi Goïta. Résultat : 761 milliards de francs CFA — soit un peu plus de 1,2 milliard de dollars — ont été recouvrés auprès des compagnies minières au terme de l’audit mené depuis début 2023.

 

Le montant dépasse largement l’objectif initial (fixé à 400 milliards FCFA), et constitue l’un des recouvrements les plus importants jamais réalisés dans l’histoire du secteur extractif malien.

 

Pourquoi ce coup de balai dans les comptes miniers ?

 

L’audit, diligenté dès le début 2023, s’inscrit dans la mise en œuvre du Code minier de 2023. Ce nouveau cadre législatif — plus strict — rend désormais obligatoire pour toutes les sociétés minières la conformité à des redevances plus élevées, un partage accru avec l’État, et un contrôle sérieux des conventions.

 

Selon le rapport, l’équivalent d’un manque à gagner de 300 à 600 milliards FCFA a été identifié — des sommes qui auraient dû revenir au Trésor. L’audit a donc visé à corriger des décennies d’optimisations, d’exemptions ou de clauses avantageuses pour certains groupes.

 

Qui a payé ? Et qui s’est remis en conformité ?

 

Plusieurs entreprises minières ont dû s’acquitter des arriérés identifiés. Parmi elles : B2Gold, Allied Gold, Resolute Mining, Endeavour Mining, et des groupes miniers du lithium comme Ganfeng Lithium et Kodal Minerals.

 

Le cas le plus emblématique reste celui de Barrick Gold — principal producteur d’or du pays — avec lequel un accord a été trouvé fin novembre 2025. La société accepte de verser 244 milliards FCFA et de se conformer au nouveau code minier.

 

Le gouvernement malien affirme que désormais, toutes les sociétés minières opérant dans le pays sont assujetties à la réglementation de 2023.

 

Quelles retombées pour l’économie malienne ?

 

Selon les autorités, l’application du nouveau régime minier pourrait générer jusqu’à 585,7 milliards FCFA supplémentaires par an pour les seules sociétés auditées, portant la contribution totale du secteur minier à environ 1 022 milliards FCFA par an.

 

Pour un pays où l’or représente l’un des piliers de l’économie, ce redressement constitue une bouffée d’oxygène pour le budget national. Cela pourrait ouvrir la voie à de nouveaux investissements publics — infrastructures, services, développement régional — si la gouvernance suit.

 

Un tournant symbolique — et un défi politique

 

Ce recouvrement marque un véritable tournant dans la gestion des ressources naturelles au Mali. Après des décennies de contrats souvent opaques, de clauses avantageuses pour les opérateurs étrangers, de manque à gagner pour l’État, voilà que Bamako semble reprendre le contrôle. C’est un message clair adressé aux multinationales : l’exploitation des ressources du pays ne pourra plus se faire comme avant.

 

Mais l’essentiel reste à écrire : ce que l’État fera de ces milliards récupérés. Pour que ce geste historique ne soit pas qu’un effet d’annonce, il faudra du courage politique, de la transparence, et une vision de long terme — transformation structurelle, diversification économique, renforcement du développement local.

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