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  • 27/11/2025

Mauritanie : La Banque mondiale enclenche un virage stratégique pour diversifier l’économie

La Mauritanie ouvre une nouvelle phase de sa trajectoire de développement avec le lancement du Cadre de partenariat pays (CPP) 2026-2030 du Groupe de la Banque mondiale. Derrière l’annonce institutionnelle, l’enjeu est majeur : sortir progressivement d’une économie trop dépendante du secteur extractif et bâtir des moteurs de croissance capables d’absorber une jeunesse en forte expansion.

 

Pensée comme un accélérateur de diversification, la stratégie repose sur quatre piliers : l’emploi, la gouvernance, la connectivité et la résilience climatique. Une orientation assumée par la Banque mondiale dans un contexte où les perspectives économiques du pays sont étroitement liées à sa capacité à transformer ses ressources en opportunités. « Conçu selon une approche axée sur l'emploi, ce cadre de partenariat marque une étape importante dans notre engagement avec la Mauritanie à un moment d'opportunités significatives », affirme Ibou Diouf, responsable des opérations de l’institution.

 

L’un des marqueurs clés du CPP est son alignement sur la SCAPP et sur le troisième plan quinquennal du gouvernement, ce qui confirme une volonté d'intégration avec les priorités nationales. L’accent est mis sur le capital humain, un levier longtemps sous-exploité. « Grâce à cette stratégie, le Groupe de la Banque mondiale aidera le gouvernement à libérer tout le potentiel du pays en investissant dans le capital humain, en renforçant les institutions publiques et en promouvant le secteur privé pour une économie plus diversifiée, compétitive et résiliente », explique Keiko Miwa, directrice pays.

 

L’approche « Un seul Groupe de la Banque mondiale » illustre également une nouvelle dynamique. L’IDA, la SFI et la MIGA agissent désormais de manière coordonnée pour attirer davantage d’investissements privés, soutenir les PME et renforcer la formation professionnelle. « La diversification économique et la création d’emplois sont au cœur de ce PPP », rappelle Olivier Buyoya de la SFI. Pour un pays où l’emploi des jeunes demeure un défi structurel, la capacité à connecter la formation aux besoins des secteurs productifs devient stratégique.

 

Le volet résilience occupe une place centrale. Le CPP prévoit notamment le renforcement des systèmes de protection sociale et des investissements dans des solutions climato-intelligentes : pastoralisme durable, gestion intégrée de l’eau, résilience côtière, autant de priorités pour un pays fortement exposé aux chocs climatiques. Les réformes en matière de climat des affaires, de finances publiques et de digitalisation doivent également soutenir la transformation de l’économie.

 

Au-delà du développement institutionnel, la Banque mondiale parie sur la mobilisation du secteur privé dans les infrastructures énergétiques et minières. Un enjeu décisif pour moderniser l’appareil productif. « Grâce à une gouvernance renforcée, au développement des capacités et à des instruments ciblés d’atténuation des risques, nous contribuerons à mobiliser des capitaux privés qui stimuleront la création d’emplois et l’augmentation des recettes intérieures », explique Muhamet Bamba Fall, directeur du secteur des industries à la MIGA.

 

Avec ce nouveau cadre, la Mauritanie se trouve face à une fenêtre d’opportunités : transformer la richesse de ses ressources en une croissance inclusive et plus résiliente. La réussite dépendra désormais de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre les réformes promises… et de l’aptitude du secteur privé à saisir les opportunités créées.