Nhood Africa veut décloisonner l’immobilier ouest-africain

Alors que l’Afrique de l’Ouest connaît l’une des croissances urbaines les plus rapides au monde, son marché immobilier reste paradoxalement cloisonné, dominé par des acteurs intégrés jaloux de leur autonomie. Dans ce contexte, Nhood Africa, filiale du groupe Mulliez, entend bousculer les pratiques en misant sur la spécialisation et la transparence. Une stratégie qui vise à transformer un secteur opaque en catalyseur de développement urbain durable.

Un marché verrouillé malgré une demande explosive

Avec plus de 45% d’urbains en 2025 (contre 33 % en 2000), l’Afrique de l’Ouest fait face à une demande immobilière colossale. La Côte d’Ivoire affiche à elle seule un déficit estimé à 600 000 logements, tandis que le Nigeria dépasse les 20 millions d’unités manquantes. Pourtant, le marché reste dominé par un modèle vertical où les promoteurs concentrent conception, construction et vente.
Résultat : un secteur peu concurrentiel, des prix fonciers en forte hausse, et une offre largement orientée vers le haut standing, loin des besoins des classes moyennes et populaires.

Nhood Africa, l’acteur qui veut bousculer les codes

Nhood propose une approche « horizontalisée » articulée autour de quatre métiers :

• Asset Management (valorisation du capital immobilier),
• Project Management (conception et pilotage des projets),
• Property Management (gestion et maintenance des actifs),
• Transaction Services (achat, vente et location).

Ce modèle de prestataire global et indépendant ambitionne de fédérer investisseurs, pouvoirs publics et opérateurs locaux. Déjà, Nhood collabore avec des acteurs majeurs tels que l’État du Bénin, PFO Group ou MIBEM, témoignant d’une capacité à opérer sur des projets publics comme privés.

Un ancrage local stratégique

Pour renforcer sa légitimité, Nhood a intégré en avril 2025 H&A Properties, entreprise ivoirienne spécialisée dans la gestion locative, le syndic et la transaction. Avec ses 40 collaborateurs, H&A apporte un ancrage local précieux et une connaissance fine du marché ivoirien. « Dans l’immobilier ouest-africain, la proximité et la confiance sont essentielles. Les partenariats locaux crédibilisent l’approche internationale », analyse un urbaniste basé à Abidjan.

Une base solide

En arrière-plan, Nhood bénéficie du soutien de la foncière Ceetrus, bras immobilier de l’Association Familiale Mulliez (Auchan, Décathlon, Kiabi, Midas…). Ceetrus développe des projets de quartiers mixtes mêlant logements, commerces et services, avec Nhood comme opérateur de référence.
Parmi les projets structurants en cours figurent Résidence Riviera et Bassam Lives 2 dans le Grand Abidjan, ainsi que Terra Résidence à Dakar. Ces initiatives illustrent la volonté de concilier attractivité économique et utilité sociale.

Opportunités et défis d’un marché en mutation

L’urbanisation rapide d’Abidjan, Dakar, Lagos ou Accra ouvre un potentiel immense pour les investisseurs. Mais le marché reste semé d’embûches : insécurité foncière, lenteurs administratives, coûts de financement élevés et pouvoir d’achat limité. De nombreux programmes publics de logements sociaux peinent à atteindre leurs objectifs, faute de financements ou de suivi.

Dans ce contexte, la proposition de valeur de Nhood – spécialisation, transparence, durabilité – apparaît comme une bouffée d’air frais.

Vers un immobilier plus ouvert et durable ?

Nhood Africa veut se poser en partenaire structurant du marché immobilier ouest-africain. Sa stratégie, si elle réussit, pourrait contribuer à moderniser un secteur longtemps perçu comme opaque et réservé à une élite. Mais la question reste entière : ce modèle horizontal séduira-t-il dans un environnement encore dominé par des acteurs traditionnels jaloux de leur contrôle ?