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  • 15/12/2025

Nigéria : Dangote durcit le ton face aux régulateurs et réclame une enquête pour corruption

À Lagos, Aliko Dangote a décidé de sortir du bois. Selon l’agence Reuters, l’homme le plus riche d’Afrique a intensifié son bras de fer avec les autorités de régulation du secteur pétrolier, qu’il accuse de favoriser les importations de carburants à bas prix au détriment des raffineries locales et de l’industrialisation du pays.

 

Premier producteur de pétrole d’Afrique, le Nigéria reste pourtant massivement dépendant des importations de produits raffinés, une contradiction structurelle que la méga-raffinerie Dangote, d’une capacité de 650 000 barils par jour, était censée corriger. Mais le projet phare de l’industrialisation nigériane se heurte aujourd’hui à un mur réglementaire.

 

Toujours d’après Reuters, Aliko Dangote estime que la poursuite incontrôlée des importations menace directement l’emploi, les investissements privés et la sécurité énergétique nationale. S’exprimant depuis son site industriel de Lagos, il a dénoncé un système qui, selon lui, « crée des emplois à l’étranger » alors que le Nigéria peine encore à bâtir une base industrielle solide.

 

Le conflit a franchi un nouveau seuil lorsque Dangote a officiellement demandé l’ouverture d’une enquête pour corruption visant Farouk Ahmed, directeur de l’autorité nigériane de régulation du secteur pétrolier. Il met en cause la gestion du marché et évoque des dépenses privées sans rapport apparent avec les revenus légitimes du responsable concerné. Sollicité par Reuters, le régulateur n’a pas réagi dans l’immédiat.

 

De son côté, l’autorité de régulation rejette ces accusations et soutient que la raffinerie Dangote cherche à instaurer un monopole sur les produits pétroliers raffinés. Elle affirme également que la production locale ne permet pas de couvrir la demande nationale, estimée à 55 millions de litres par jour, une position que Dangote conteste fermement.

 

Selon Reuters, le milliardaire accuse le régulateur de fausser le débat en communiquant des statistiques basées sur les volumes achetés plutôt que sur les capacités réelles de production. Il souligne surtout l’incapacité de la raffinerie à sécuriser suffisamment de pétrole brut nigérian, faute d’application d’une règle pourtant existante qui impose de servir les raffineries locales avant les exportations.

 

Conséquence directe : l’installation importe actuellement près de 100 millions de barils de brut par an, un volume appelé à doubler avec l’extension de la raffinerie, malgré l’abondance théorique de la production nationale.

 

Malgré ces obstacles, Dangote maintient le cap. D’après les informations de Reuters, il réaffirme son intention d’agrandir l’installation, de protéger un investissement qu’il qualifie de « trop important pour échouer » et d’introduire la société en bourse sur le marché local. Il promet également le versement de dividendes en dollars afin de permettre, selon ses mots, à « chaque Nigérian de détenir une part de l’économie ».

 

Derrière ce bras de fer, c’est une question stratégique majeure qui se pose au Nigéria : celle du choix entre une économie toujours dépendante des importations et une véritable souveraineté énergétique portée par l’industrialisation locale.