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  • 25/08/2025

Nigéria : Un pacte anticorruption pour restaurer la confiance dans les marchés publics

À Abuja, le Bureau des marchés publics (BPP) et l’Association du barreau nigérian (NBA) ont conclu un protocole d’accord destiné à renforcer la transparence dans un secteur souvent décrit comme l’une des principales sources de corruption au Nigéria. Signé par le directeur général du BPP, le Dr Adebowale A. Adedokun, et le président de la NBA, Mazi Afam Osigwe, ce partenariat place désormais les avocats au cœur du processus de régulation des contrats publics.

 

Un secteur sous haute surveillance

 

Les marchés publics représentent l’un des leviers majeurs de l’économie nigériane : près de 60% des dépenses publiques transitent par ce système. Or, selon plusieurs rapports, une part importante de ces fonds échappe régulièrement à leur objectif initial, alimentant réseaux d’influence et détournements. Pour le Dr Adedokun, l’accord signé avec la NBA constitue « une étape importante » vers une meilleure gouvernance : « Ce partenariat renforcera la confiance du peuple nigérian », a-t-il déclaré.

 

Quand le droit s’invite dans la gouvernance

 

Le rôle de la NBA ne sera pas symbolique. L’association entend former des avocats spécialisés afin d’épauler le BPP dans la surveillance des contrats, leur rédaction et la suppression de clauses défavorables à l’État. « Tant que nous n'examinerons pas nos processus de passation de marchés pour garantir la transparence et la responsabilité, une part importante des fonds publics finira dans des poches privées », a rappelé Mazi Osigwe.

 

Pour le patron du BPP, l’intégration de la NBA dans le dispositif marque un tournant. « Si la NBA ne joue pas un rôle essentiel, cela signifie que nous ne sommes pas prêts à faire des affaires, car les marchés publics relèvent du droit », a insisté le Dr Adedokun.

 

Promesses et défis

 

Concrètement, le protocole prévoit trois priorités : le renforcement des capacités, l’application de sanctions et la professionnalisation du secteur. Le BPP espère que ce cadre donnera un nouvel élan à ses réformes, souvent critiquées par le passé pour leur manque de résultats tangibles. Le défi reste considérable : transformer un système qui concentre non seulement des milliards de dollars, mais aussi des intérêts politiques et économiques puissants.

 

Une question de crédibilité

 

Si cet accord marque un signal fort, son succès dépendra de sa mise en œuvre réelle. Dans un pays où plusieurs initiatives anticorruption ont été lancées puis affaiblies, les Nigérians attendent des preuves concrètes. La société civile et les bailleurs internationaux suivront de près l’évolution de ce partenariat, qui pourrait contribuer à restaurer la confiance des investisseurs et limiter la fuite des capitaux.