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  • 21/08/2025

Ouganda : Pas d'accord migratoire avec Washington, assure Kampala

Kampala dément formellement. L'Ouganda n'a signé aucun accord avec les États-Unis pour accueillir des migrants expulsés. C'est ce qu'affirme un haut responsable du ministère des Affaires étrangères. Cette déclaration survient après des rapports médiatiques évoquant un tel partenariat.

 

"À ma connaissance, nous ne sommes pas parvenus à un tel accord," a déclaré Okello Oryem, ministre d'État aux Affaires étrangères ougandais, dans un message à Reuters. Il insiste : le pays manque d'infrastructures pour gérer ces arrivées. L'Ouganda héberge déjà plus d'un million de réfugiés, principalement du Soudan et de la Corne de l'Afrique. Ajouter des déportés américains serait un poids trop lourd pour l'économie locale.

 

Le rapport initial provenait du journal ougandais New Vision et de CBS News. Publiés le 20 août 2025, ils mentionnaient un accord basé sur le principe américain de "pays tiers sûr". Cela permettrait aux États-Unis d'envoyer des demandeurs d'asile vers des nations jugées capables de traiter leurs dossiers. Seuls les migrants sans casier judiciaire seraient concernés.

 

Mais Okello Oryem balaie ces allégations. "L'Ouganda n'a pas conclu d'accord avec les États-Unis pour accueillir des immigrés clandestins, car il ne dispose pas des infrastructures nécessaires pour le faire", a-t-il précisé. Ce démenti rapide souligne les limites du pays. Avec un PIB par habitant modeste, l'Ouganda priorise ses propres crises humanitaires. Accueillir des déportés pourrait exiger des investissements massifs en logement, santé et éducation, sans garantie de retours économiques.

 

Ce cas s'inscrit dans une stratégie plus large de Washington. Sous Donald Trump, les États-Unis multiplient les accords migratoires. Le président a promis "la plus grande opération de rapatriement de l'histoire des États-Unis". Des millions de sans-papiers pourraient être visés, avec un focus sur les criminels mais aussi sur les familles.

 

Déjà, des partenariats existent avec d'autres nations. Le Honduras a accepté plusieurs centaines de déportés hispanophones, y compris des enfants. Cela repose sur la loi américaine permettant le transfert vers des "pays tiers sûrs".

 

En Afrique, les exemples se multiplient. Le Soudan du Sud et l'Eswatini ont reçu 13 migrants décrits comme "criminels dangereux" en juillet 2025. Le Rwanda, lui, s'est engagé à en accueillir jusqu'à 250. Ces accords incluent souvent des incitations financières ou diplomatiques, aidant les économies locales mais soulevant des critiques humanitaires.

 

Pourquoi l'Ouganda refuse-t-il ? Le pays fait face à ses propres défis. Les réfugiés actuels coûtent cher en ressources. Un accord avec les États-Unis pourrait alourdir la dette publique et détourner des fonds des secteurs clés comme l'agriculture ou l'énergie. De plus, des voix locales craignent une surcharge des services publics.

 

Cette controverse révèle les tensions géopolitiques. Les États-Unis cherchent à externaliser leurs coûts migratoires, estimés à des milliards de dollars. Pour les pays africains, c'est un calcul économique : aides contre responsabilités. Mais comme le note Okello Oryem, "nous n'avons pas la capacité d'accueillir les personnes expulsées".

 

À ce stade, aucun accord officiel n'est confirmé entre Kampala et Washington. Les discussions pourraient exister, mais le démenti ferme ferme la porte. Cela pourrait influencer d'autres nations africaines, attentives aux implications budgétaires. Pour les migrants, l'incertitude persiste dans ce vaste plan d'expulsions trumpien.