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  • 21/08/2025

Zulu Lithium : Le Zimbabwe franchit une étape clé dans la ruée mondiale vers les batteries

Le Zimbabwe avance ses pions dans la course au lithium. Le projet Zulu Lithium, situé dans la province de Matabeleland Sud et opéré par Premier African Minerals, vient de franchir une étape majeure : son usine de flottation est désormais capable de produire un concentré de spodumène, un minéral contenant du lithium qui a été traité et concentré pour atteindre une teneur en lithium suffisamment élevée pour être vendu sur le marché.

 

Cette annonce a été confirmée le 20 août 2025 par la société, qui a souligné la réussite des tests réalisés par l’équipementier d’origine (OEM). « L’usine peut désormais fonctionner en continu, avec une intégration complète et une automatisation totale », précise le communiqué officiel publié à Londres.

 

Un concentré aux standards mondiaux

 

Le spodumène produit affiche des teneurs en oxyde de lithium (Li₂O) comprises entre 5,5% et 6,2%, soit largement au-dessus du seuil requis par le marché international (généralement autour de 5%).

 

Selon George Roach, directeur général de Premier African Minerals, « ce jalon prouve la viabilité technique du projet et ouvre la voie à une montée en puissance progressive ».

 

Ce concentré est essentiel à la fabrication des batteries lithium-ion, utilisées aussi bien dans les smartphones que dans les véhicules électriques.

 

Un projet stratégique pour le Zimbabwe

 

Le Zimbabwe possède les troisièmes réserves mondiales de lithium, derrière le Chili et l’Australie. Mais jusqu’ici, la valeur ajoutée locale restait limitée. Le gouvernement a d’ailleurs interdit en 2022 l’exportation brute de minerais de lithium, obligeant les sociétés minières à investir dans la transformation locale.

 

Le projet Zulu illustre parfaitement cette stratégie : il ne s’agit plus seulement d’extraire, mais de raffiner sur place, créant ainsi emplois, infrastructures et recettes fiscales.

 

Un marché mondial sous tension

 

La demande mondiale de lithium explose. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), elle devrait être multipliée par six d’ici 2030 si les objectifs de transition énergétique sont maintenus. Cette tension fait grimper les prix et attire une compétition féroce entre constructeurs automobiles et fabricants de batteries.

 

L’Afrique australe, avec le Zimbabwe mais aussi la Namibie et le Mozambique, devient une zone stratégique. Les investisseurs étrangers se pressent. La Chine, déjà très implantée, contrôle une large part du raffinage mondial, ce qui inquiète l’Europe et les États-Unis.

 

Opportunités et défis

 

Pour le Zimbabwe, Zulu représente une chance d’accroître ses exportations et de renforcer ses réserves en devises. Mais le chemin reste semé d’embûches : instabilité macroéconomique, infrastructures énergétiques fragiles, et nécessité de sécuriser des contrats d’enlèvement (“offtake agreements”) durables.

 

Pour Premier African Minerals, la prochaine étape sera de stabiliser la production commerciale et d’attirer des partenaires industriels solides.

 

Le franchissement de cette étape clé fait du projet Zulu l’un des plus avancés d’Afrique australe. Il illustre le basculement en cours : le Zimbabwe n’est plus seulement un exportateur de minerais bruts, mais un acteur qui ambitionne de s’intégrer dans la chaîne de valeur mondiale du lithium.

 

Dans un monde où chaque gramme de spodumène compte pour électrifier l’économie, le Zimbabwe vient d’envoyer un message clair : il sera de la partie.