News
  • 30/09/2025

Paiements instantanés : L’UEMOA bascule aujourd’hui dans l’ère de l’interopérabilité

C’est un jour historique pour les services financiers en Afrique de l’Ouest. Ce mardi 30 septembre 2025, la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) met officiellement en service la Plateforme Interopérable du Système de Paiement Instantané (PI-SPI).

 

Au terme d’une phase pilote menée depuis juin dernier, 86 établissements – banques, institutions de microfinance et émetteurs de monnaie électronique – ont obtenu leur sésame après avoir satisfait aux exigences techniques et de sécurité de la BCEAO. Ils deviennent les premiers acteurs connectés à ce système révolutionnaire.

 



Un nouveau standard pour les paiements

 

Avec la PI-SPI, les transactions financières dans l’UEMOA changent de dimension. Il est désormais possible d’envoyer de l’argent d’Orange Money vers Wave, d’un compte bancaire vers un portefeuille mobile, ou d’une microfinance vers une banque. Le tout, en temps réel, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

 

Pour le Gouverneur de la BCEAO, Jean-Claude Kassi Brou, l’enjeu est clair : « L’interopérabilité des services de paiement contribuera à renforcer l’inclusion financière et à réduire les coûts pour les populations ».

 

Des mois de préparation

 

Le chantier n’a pas été improvisé. Depuis le 5 juin 2025, une phase pilote a permis de tester la robustesse du dispositif en conditions réelles. Le communiqué de la BCEAO précise que les établissements retenus ont rempli « l’ensemble des critères relatifs à la connectivité, à la protection des données et à la lutte contre la fraude ».

 

Cette sélection rigoureuse vise à poser des bases solides avant l’adhésion progressive de nouveaux opérateurs financiers.

 

Des implications profondes

 

Le lancement de la PI-SPI dépasse la technique : il marque une rupture pour l’économie régionale.

 

  • Pour les populations : fini les barrières entre banques et mobile money, avec des frais promis à la baisse.
  • Pour les entreprises : une trésorerie plus fluide, notamment pour les PME et commerçants qui jonglaient avec des systèmes cloisonnés.
  • Pour les États : un outil puissant pour sécuriser les flux financiers, tracer les paiements publics et renforcer la lutte contre l’informel.

 

« Une révolution silencieuse est en marche », analyse Serge Kouamelan, président de l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI), cité par CIO Mag. Selon lui, cette interopérabilité permettra d’« accélérer la bancarisation et stimuler la confiance dans le système financier régional ».

 

Défis à surveiller

 

Si la promesse est séduisante, le succès dépendra de la capacité des opérateurs à assurer la sécurité des transactions, absorber les volumes croissants et convaincre les usagers. La BCEAO assure avoir mis en place « des mécanismes de surveillance continue et de gestion des risques » pour protéger les consommateurs et préserver la stabilité financière.

 

Un tournant pour l’UEMOA

 

Derrière les chiffres et les discours, une réalité s’impose dès aujourd’hui : transférer de l’argent de Wave à Orange Money ou d’un compte bancaire à une microfinance devient aussi rapide qu’un SMS.

 

Avec ce lancement, l’UEMOA franchit une étape décisive vers une économie numérique intégrée, fluide et inclusive.