Somalie : Un visa électronique pour reprendre le contrôle des frontières

La Somalie franchit une étape symbolique mais décisive dans sa lutte pour la souveraineté et la sécurité nationale. Depuis le 1er septembre, Mogadiscio a mis en place un système de visa électronique destiné à resserrer le contrôle sur les entrées et sorties du pays. Une réforme qui, derrière son apparence administrative, vise directement les réseaux d’insurgés et de mercenaires étrangers.

« Le nouveau système de visa électronique de la Somalie ressemble à un contrôle frontalier de routine, mais revêt une importance sécuritaire plus profonde », a déclaré Abdisaid Muse Ali, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.

Une faille longtemps exploitée

Jusqu’ici, la Somalie fonctionnait avec des visas papier et des autorisations souvent informelles. Ces failles permettaient à divers acteurs extérieurs – des mercenaires venus de Colombie aux contractants transitant par les Émirats arabes unis – d’entrer discrètement dans le pays. Les groupes liés à Al-Shabaab profitaient également de ces procédures laxistes pour infiltrer hommes et armes.

Le nouveau système exige désormais une autorisation préalable, la vérification des passeports et la preuve de séjour. Même les nourrissons et les enfants doivent être enregistrés. Si la mesure peut sembler excessive, elle répond à une tactique bien connue : faire passer des combattants pour de simples personnes à charge.

Une frontière numérique plus difficile à contourner

Pour Mogadiscio, ce durcissement ne résout pas tous les défis sécuritaires, mais il complique la tâche de ceux qui cherchaient à manipuler ses frontières. Chaque identité, chaque projet de voyage est désormais suivi numériquement. Les faux documents et les accords officieux trouvent moins de place dans ce dispositif.

Un geste politique fort

Au-delà de la technique, la réforme a une forte dimension symbolique. Elle affirme la volonté de la Somalie de reprendre en main son territoire et de limiter les ingérences étrangères. « En renforçant les contrôles à l'entrée, elle affirme sa souveraineté, limite les ingérences extérieures prédatrices et signale que l'ère des déploiements clandestins, qu'il s'agisse de mercenaires ou d'insurgés, touche à sa fin », souligne le ministre.

La Somalie, longtemps perçue comme un État faible en matière de contrôle des frontières, tente ainsi de montrer qu’une ère nouvelle commence. Si les résultats devront encore se mesurer dans les faits, la stratégie semble claire : faire du visa électronique non pas une formalité bureaucratique, mais un véritable outil de sécurité nationale.