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  • 17/11/2025

S&P relève la perspective du Nigéria : Un signal rare qui redonne de l’air à Abuja

La décision de S&P Global Ratings de relever la perspective du Nigéria de « stable » à « positive » marque un tournant pour une économie longtemps ballotée par la volatilité monétaire et les déséquilibres macroéconomiques. Ce changement n’est pas anodin : il signifie que le pays pourrait, à moyen terme, voir sa note souveraine relevée si les réformes en cours se consolident. En clair, les risques perçus par les investisseurs commencent à reculer.

 

L’annonce a été saluée aussitôt par le gouverneur de la Banque centrale du Nigéria (CBN), Olayemi Cardoso, qui y voit la première preuve tangible que la stratégie de stabilisation commence à convaincre les observateurs internationaux. Depuis son arrivée, la CBN a resserré le pilotage du marché des changes, restauré la discipline monétaire et renforcé la transparence des opérations, après plusieurs années d’instabilité profonde ayant affaibli la confiance dans la monnaie nationale.

 

La réaction du ministre des Finances, Wale Edun, est venue confirmer l’importance de ce signal. Pour lui, cette révision « marque la reconnaissance internationale de réformes difficiles mais nécessaires », soulignant que les trois grandes agences — Moody’s, Fitch et désormais S&P — ont toutes ajusté leurs évaluations dans la même direction cette année. Il y voit une preuve de confiance dans les réformes fiscales, monétaires et structurelles engagées par Abuja, et un encouragement à poursuivre l’assainissement de l’économie.

 

Edun rappelle que les premiers effets commencent déjà à se manifester. S&P fait d’ailleurs le même constat : les perspectives de croissance s’améliorent, les réserves extérieures retrouvent progressivement de la solidité, et la politique monétaire est devenue plus lisible. Le ministre insiste néanmoins sur le fait que « beaucoup reste à faire », tout en saluant le leadership du président Bola Ahmed Tinubu et la résilience des ménages face aux ajustements en cours.

 

Pour les marchés, ce changement de perspective ouvre une fenêtre d’optimisme prudent. Il peut faciliter l’accès au financement extérieur, réduire le coût de la dette souveraine et améliorer la perception du Nigéria auprès des investisseurs institutionnels. Rien n’est automatique, mais l’environnement devient un peu plus respirable pour un gouvernement qui cherche à restaurer la confiance.

 

La trajectoire reste exigeante. Abuja devra maintenir un cap constant : poursuivre les réformes, contenir l’inflation, renforcer la production pétrolière et consolider les finances publiques. S&P conserve une posture prudente, rappelant que la progression dépendra de la capacité du pays à transformer cette dynamique en résultats durables. Pour Cardoso comme pour Edun, cette décision marque néanmoins un tournant psychologique : celui d’un Nigéria qui tente de sortir de la zone de turbulences.