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  • 17/11/2025

Togo : Vers un “budget social‑croissance” inédit en 2026

Le gouvernement togolais a adopté, le 14 novembre 2025, un projet de loi de finances pour l’exercice 2026 d’un montant de 2 740,5 milliards FCFA, ce qui représente une augmentation de 14,4% par rapport au budget 2025.


Cette hausse traduit une ambition forte : renforcer les investissements sociaux tout en consolidant la croissance économique.

 

Un virage social majeur

 

Près de 48% des dépenses du budget 2026 sont consacrés aux secteurs sociaux, notamment à la santé, à l’éducation et à la protection sociale.
Cette orientation reflète un choix politique clair : donner la priorité au capital humain et aux populations vulnérables.

 

Le communiqué du gouvernement souligne que cette stratégie s’inscrit dans une gestion prudente des finances publiques : les dépenses sont « essentiellement financées par les ressources propres » de l’État.
L’objectif est double : limiter la dépendance à l’endettement extérieur et renforcer l’autonomie budgétaire.

 

Une transformation économique voulue et ciblée

 

Au-delà du social, le budget met l’accent sur la transformation économique, avec des hausses d’enveloppe significatives pour des secteurs stratégiques : l’agriculture, l’industrie, et le numérique.


Selon le gouvernement, cette stratégie vise à stimuler l’investissement privé, à créer des emplois durables, en particulier pour les jeunes et les femmes, et à renforcer la souveraineté économique.

 

En parallèle, le budget accorde une importance non négligeable à la sécurité et à la défense, jugées essentielles pour la stabilité du pays et pour créer un environnement propice aux investisseurs.

Le gouvernement met en avant l’idée que la paix interne n’est pas seulement une condition morale, mais un levier économique.

 

Une croissance ambitieuse mais prudente

 

L’exécutif projette une croissance du PIB de 6,5% en 2026, contre 6,2% prévu pour 2025.
Cette prévision est optimiste et soutenue par les investissements publics massifs dans les secteurs productifs, mais repose aussi sur la bonne exécution du budget.

 

Selon le communiqué du Conseil des ministres, cette dynamique s’inscrit dans un cadre macroéconomique assaini, permettant au Togo de respecter les critères de convergence de l’UEMOA et les engagements pris avec le Fonds monétaire international (FMI).

C’est un signal fort : le gouvernement veut non seulement stimuler la croissance, mais aussi maintenir une discipline budgétaire rigoureuse.

 

Innovations sociales : des mesures inclusives

 

Le budget 2026 introduit des mesures sociales nouvelles, selon le communiqué du gouvernement :

  • un crédit d’impôt pour l’embauche des personnes à mobilité réduite ;
  • des facilités pour le paiement des droits d’enregistrement des marchés en faveur des jeunes et des femmes ;
  • une exonération de taxes à l’importation pour la provenderie (alimentation animale) dans le but de soutenir la production locale de viande.

 

Ces mesures montrent que le gouvernement ne se contente pas d’allouer des ressources, mais cherche à orienter ces ressources vers des initiatives qui peuvent produire un impact social concret et durable.

 

Risques et défis

 

Malgré ces ambitions, un certain nombre de défis restent à relever :

1.   Mobilisation des recettes : bien que le budget repose sur les ressources propres, leur recouvrement effectif n’est pas garanti.

2.   Exécution des projets : le succès de cette stratégie dépendra fortement de la capacité de l’État à mettre en œuvre les projets (infrastructures, services sociaux, programmes d’emploi).

3.   Durabilité : investir massivement est une chose, mais maintenir les dépenses sociales sans creuser le déficit est un exercice d’équilibre délicat.

4.   Risque de sur-optimisme : la croissance prévue à 6,5% est ambitieuse, et dépend de facteurs macroéconomiques externes qui peuvent varier (prix des matières premières, flux d’investissement, stabilité régionale).

 

Le budget 2026 du Togo est ambitieux. Il marque un virage social-croissance : presque la moitié des ressources vont aux secteurs sociaux, tandis que l’État mise sur la transformation économique pour créer des emplois durables. L’accent mis sur la sécurité montre que le gouvernement estime que la stabilité est aussi un pilier de développement.

 

Mais le pari n’est pas sans risques. Pour que ces projections deviennent réalité, il faudra une mobilisation forte des recettes, une exécution rigoureuse des projets et un équilibre entre ambition et pragmatisme. Si cela réussit, ce budget pourrait poser les bases d’un développement plus inclusif et résilient.