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  • 19/08/2025

Transition énergétique en Afrique : Quand les ménages et PME deviennent les moteurs de l’énergie propre

Selon un rapport récent de l’Institut privé de recherche sur les politiques africaines, la transition énergétique en Afrique ne se joue plus uniquement dans les salles de conseil et autour des plans d’investissement souverains. Elle se vit dans les foyers, les commerces et les petites entreprises, qui adoptent des solutions énergétiques décentralisées : panneaux solaires sur les toits, batteries portables et kits de cuisson propres.

 

Ces initiatives, bien que moins visibles que les grandes infrastructures, constituent le moteur d’un marché décentralisé en pleine expansion.

 

Portraits d’acteurs de la transition énergétique

 

Sur le continent, les ménages et les petites entreprises investissent déjà dans des technologies propres pour pallier les limites des réseaux publics. Les foyers équipés de panneaux solaires ou de batteries rechargeables, souvent financés via des plateformes de paiement mobile, montrent que l’énergie propre est adoptée de manière ascendante.

 

Ces systèmes ne sont pas de simples solutions temporaires : ils deviennent des infrastructures essentielles pour ceux qui peuvent se les permettre. Mais cette adoption reste conditionnée par l’accès au financement et aux actifs, laissant certains ménages et commerçants dépendants d’un réseau public en déclin.

 

Le marché décentralisé : un moteur économique méconnu

 

Le segment le plus dynamique de l’économie énergétique africaine n’est plus le service public national, mais le marché décentralisé de l’énergie. Les mini-réseaux communautaires, les distributeurs informels et les microcrédits énergétiques alimentent une circulation de capitaux en monnaie locale qui stimule l’adoption de l’énergie par les MPME et soutient l’économie informelle. Pourtant, la plupart des mécanismes de financement climatique restent centrés sur les infrastructures centralisées et les grands développeurs, laissant de côté ces acteurs essentiels pour la diffusion de l’énergie propre.

 

Les défis financiers freinent l’adoption

 

Le véritable obstacle à la transition ne réside pas dans le manque de capitaux, mais dans l’absence de financements adaptés à la réalité des consommateurs et des petites entreprises. Les instruments actuels privilégient les projets d’infrastructures et les prêts souverains, sans offrir de crédits de détail, de garanties ou de fonds de roulement pour soutenir l’acquisition d’actifs énergétiques à petite échelle.

 

Au Nigéria et dans certaines zones urbaines d’Afrique de l’Ouest, l’autoproduction dépasse déjà l’offre du réseau, mais l’accès limité aux prêts énergétiques rend la diffusion inégale. L’expérience du Pakistan et de l’Afrique du Sud montre que lorsque seuls les ménages aisés peuvent investir, les revenus des réseaux chutent et l’écart entre riches et pauvres se creuse.

 

Vers un financement climatique centré sur le consommateur

 

Pour que la transition énergétique devienne réellement inclusive, le financement climatique doit adopter un double mandat : soutenir à la fois les infrastructures centralisées et les initiatives décentralisées des ménages et commerçants. Cela passe par des crédits prévisibles et abordables en monnaie locale, adaptés aux revenus et flux financiers réels, et par le soutien des banques nationales de développement pour structurer ces financements, recycler le capital et intégrer l’économie informelle.

 

La transition ne dépendra pas seulement des projets ou des plans souverains, mais des choix quotidiens des populations et des petites entreprises qui investissent dans l’énergie propre.