Monsieur le Directeur général de La Poste de Côte d’Ivoire, vous avez signé le 7 décembre dernier, une convention avec les Douanes ivoiriennes. Quels en sont les objectifs ?
Isaac Gnamba-Yao : Nous avons signé effectivement une importante convention avec la Direction générale des douanes ivoiriennes, qui a pour objet de définir les conditions de collaboration entre les Douanes Ivoiriennes et la Poste de Côte d’Ivoire pour la facilitation, le suivi et le contrôle des envois postaux, les colis et paquets dans le cadre du e-commerce. La présente convention fait suite au protocole d’accord entre l’Organisation mondiale des douanes et l’Union postale universelle (UPU), signé le 5 juillet 2007, en vue de la facilitation des échanges et de la sécurisation des envois postaux. Ce protocole d’accord, qui envisage de mieux faire comprendre aux administrations postales les tâches et problèmes relevant des autorités douanières et vice-versa, recommande fortement la résolution des problèmes au niveau national, à travers un comité de contact « Postes-Douanes ».
C’est pour une mise en application effective de ce protocole d’accord en Côte d’Ivoire que la présente Convention de partenariat entre la Poste Côte d’Ivoire et les Douanes Ivoiriennes a été établie. Si la Poste a un grand rôle à jouer dans le e-commerce, cela devra se faire en étroite collaboration avec l’administration douanière. À l’évidence, cette collaboration ne fera que faciliter la vie aux citoyens, dans notre pays, la Côte d’Ivoire, qui justement a été choisie par l’UPU pour être le hub sous régional du e-commerce, dans le cadre de l’initiative e-Com@Africa.
Justement, sous quel signe placez-vous le lancement des travaux du projet e-Com@Africa en Côte d’Ivoire, le 3 décembre dernier ?
Il y a de cela quelques jours, nous avons procédé au lancement de l’initiative e-Com@Africa, qui fait de la Côte d’Ivoire le hub du e-commerce en Afrique de l’ouest. Le projet e-Com@Africa est une initiative de l’UPU pour encourager la mise en place de hubs de plateformes logistiques dédiées, mettant à profit le réseau postal et les produits postaux pour la logistique, la distribution, les retours et les paiements transfrontaliers sur le continent africain. Pour ce projet, cinq (5) pays ont été identifiés pour servir de locomotives, à savoir la Côte d’Ivoire pour l’Afrique de l’Ouest, la Tunisie pour l’Afrique du Nord/Maghreb, le Cameroun pour l’Afrique du Centre, le Kenya pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique du Sud pour l’Afrique Australe.
Pour nous, le lancement de ce projet s’inscrit dans la droite ligne des attentes de l’UPU, c’est-à-dire, positionner le réseau postal comme l’un des principaux facilitateurs du commerce électronique, à partir d’un environnement intégré, inclusif et innovant, composé d’opérateurs postaux désignés.
E-Com@Africa devrait permettre à la Poste ivoirienne de se positionner comme un acteur incontournable du e-commerce en Côte d’Ivoire et dans la sous-région. C’est une aubaine pour l’économie dans ce sens où toute entreprise ou artisan située dans une région reculée du continent africain pourra vendre sa marchandise à un client situé n’importe où dans le monde, et n’importe quel acheteur en Afrique peut acheter des marchandises où il veut dans le monde. La Poste de Côte d’Ivoire devient désormais accélérateur et facilitateur du commerce électronique dans la sous-région. Disons que nous mettons cette initiative sous le signe de la lutte contre la pauvreté au vue des nombreuses possibilités d’emplois et les revenus additionnels qui seront générés.
Pensez-vous disposer des services et des moyens nécessaires pour jouer votre partition ? Quels sont vos atouts aujourd’hui ?
Qui mieux que La Poste de Côte d’Ivoire pour mener à bien ce projet éléphantesque ? Vous en connaissez une autre structure capable de le faire ? Je dis non ! La Poste de Côte d’Ivoire, c’est plus de 200 points de contact sur l’ensemble du territoire national. Au delà de cette capillarité réseau, il y a notre connaissance du métier à travers notre centaine d’années d’expérience. Et à l’instar des postes du monde, nous avons réussi à nous adapter au nouvel ordre mondial pour faire face aux nombreuses menaces, dont le numérique. Nous avons aussi en plus de notre flotte logistique en constante amélioration et évolution, le soutien indéfectible de nos autorités, notamment Claude Isaac Dé, notre ministre de tutelle, qui n’a de cesse de nous orienter et nous appuyer.
Avant même le lancement de cette initiative, nous étions déjà dans le e-commerce avec notre site www.sanlishop.ci, mais aussi en tant que partenaire des e-commerçants pour la livraison. Nous avons l’expertise et les compétences pour participer à la réussite de ce grand projet.
En marge des travaux du projet e-Com@Africa, vous avez conduit des délégations étrangères dans plusieurs rencontres de haut niveau. Pouvez-vous nous en dire davantage ? Quelles conclusions tirez-vous de cette tournée ?
Oui, des rencontres très fructueuses avec nos autorités, notamment le Vice-Président de la République, Son Excellence Kablan Dunkan, qui se sont traduites par la mise en place du Comité national d’organisation du 27ème Congrès de l’Union postale universelle qui se tiendra du 10 au 28 août 2020 en Côte d’Ivoire. Ce Comité national est présidé par le Vice-Président de la République Daniel Kablan Duncan, chargé d’orienter et d’impulser les préparatifs du Congrès. Nous attendons la participation d’environ 3 000 personnes en provenance des 192 Etats membres de l’UPU ainsi que des partenaires au développement. Le vice-directeur Général de l’UPU, Pascal Clivaz, a d’ailleurs relevé la volonté du gouvernement ivoirien à relever les défis futurs.
A moins de deux ans de ce grand rendez-vous, quels sont les défis à relever en termes d’infrastructure ?
Pour ce qui est des infrastructures, l’hôtel Sofitel Ivoire qui a été visité à cet effet par les experts de l’UPU, a toutes les capacités requises pour servir de site du Congrès. Donc à ce niveau, il n’y a rien à construire, en tout cas pas de gros œuvre. Le comité d’organisation devrait se réunir assez rapidement pour avancer sur les questions pratiques. Le défi à relever ? Ce sera d’être prêt en août prochain.
Au niveau des partenariats, d’autres acteurs économiques ivoiriens sont-ils dans le viseur de La Poste ? Quels sont vos projets pour faire de cette institution un acteur national incontournable dans la logistique et la distribution ?
Notre métier de base, c’est d’assurer le service postal universel, c’est-à-dire la collecte, le tri, l’acheminement et la distribution des colis et paquets d’un certain poids partout dans le monde. Fort de notre expérience et de notre capillarité réseau, nous nous définissons comme une grosse machine logistique pour l’ensemble des acteurs opérant dans le domaine de la distribution. De ce fait, nous sommes un partenaire privilégié pour tout ce beau monde. La Poste de Côte d’Ivoire qui se définit désormais comme « la maison du citoyen, des entreprises et le coursier de l’Etat » est par conséquent disposée à collaborer avec toute organisation dont le but est de livrer des services ou des biens aux populations sur toute l’étendue du territoire et même à l’international.
Notre souhait est que l’Etat, seul actionnaire de La Poste de Côte d’Ivoire, nous aide à nous repositionner comme le lien entre l’Administration centrale et les populations, déjà en nous permettant de jouer pleinement notre rôle de coursier de l’Etat. On ne peut pas avoir à sa disposition une structure capitalisant plus d’une centaine d’années d’expériences dans la collecte et l’acheminement des plis et paquets, et qui a en son sein plus de 700 salariés qui donnent le meilleur d’eux-mêmes au quotidien, et faire la part belle à de petits prestataires qui souvent n’ont aucune expérience et aucune obligation fiscale ou sociale.
Avec Cio -Mag