Africa Digital Native est une société de conseil en Business, Intelligence, Big data, CRM. Elle offre aux entreprises et aux multinationales des applications de Big data, d’analyse de données. Depuis sa fondation en 2016, ADNCORP ne cesse d’accompagner les entreprises dans leur projet de digitalisation et à essayer de leur apporter des solutions innovantes. Dans cet entretien accordé à AITN, Momar Diop, cofondateur, revient sur les défis de son entreprise.
Bonjour Momar. Vous êtes le cofondateur d’Africa Digital Native plus connu sous le nom d’ADNCORP, pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?
ADN accompagne les grandes entreprises et les PME sur leur projet de digitalisation et de valorisation de leurs données. Concrètement, ce sont des projets où les entreprises mettent en place des applications de big data, d’analyse de données ou bien de chat Bots qui sont des robots, des automates qui vont échanger automatiquement avec leurs clients. Et c’est pour de grandes entreprises de type banque tel que des multinationales.
Pourquoi vous avez ressenti le besoin de créer ADNCORP ?
Le besoin est né d’une précédente expérience entrepreneuriale. J’entendais souvent quand je faisais des rendez-vous clients, les entreprises se plaindre du fait de ne pas avoir de l’analyse de données, de ne pas avoir des indicateurs pour prendre leur décision, ou sinon, qu’il était très difficile d’avoir ces données parce que ça prenait du temps bien que les données n’étaient pas justes. Donc ce problème étant le problème que je résolvais quand j’étais basé en France et que je travaillais pour des sociétés informatiques françaises. Avec un ancien collègue et ami, on a décidé de créer la boîte pour répondre à ce besoin qu’avaient les sociétés au Sénégal et en Afrique.
Au vu des technologies que vous développez, vous ne pensez pas qu’elles sont en avance sur les réalités du continent ? Et comment parvenez-vous à les adapter au marché local?
C’était en avance il y a quatre ans quand on a démarré. A l’époque, on s’adressait à beaucoup d’entreprises, des grandes entreprises locales et des multinationales. Auparavant, ça ne parlait qu’aux multinationales mais aujourd’hui ça parle aux grandes entreprises nationales mais également aux multinationales. On est plus sûr quelque chose qui est trop en avance, les sociétés le comprennent, ont le besoin et essaient de faire eux-mêmes même s’ils n’ont pas forcément l’expertise. Donc c’est moins en avance. Ça c’est sur la partie donnée et analyse de données, du big data, là on a quand même de l’avance. Cette avance des pays développés comparés à nos pays en Afrique c’est sur les problématiques d’intelligence artificielle, là-dessus, nos clients sont essentiellement des occidentaux ou des européens mais on sent que ça prendra moins de temps à arriver que la première partie.
La plupart des PME appartiennent au secteur informel, comment faites-vous pour les convaincre d’adopter les solutions que vous proposez tout en sachant qu’elles ne sont généralement pas structurées?
Pour les PME, l’expérience qu’on en a eu nous a permis de vraiment nous rendre compte que ce n’est pas l’accompagnement conseil et service qu’on fournit aux grandes entreprises et aux multinationales qu’il leur faut. Et pour les accompagner, on a développé une application en ligne qui est clé en main, qui ne demande pas de développement spécifique ou de personnalisation. Cette application s’appelle Beezee, elle est vraiment destinée aux TPE, PME, qu’elles soient formel ou informel, mais c’est des organisations qui ne vont pas avoir une direction des compétences ni le budget pour aller sur des conseils spécifiques. Donc on a une application en ligne pour leur permettre d’avoir plus ou moins le même résultat. Ce n’est pas personnalisée comme les grandes entreprises. Mais, ça leur permet de digitaliser leur procédure de facturation, leur procédure d’enregistrement des dépenses et d’avoir des indicateurs, de l’analyse de données, qui leur permet de piloter d’une part leur entreprise mais également qui leur permet d’accéder à des financements quand ils vont avoir besoin de montrer leurs activités sur une base chiffrée.
Tout à l’heure vous avez parlé des multinationales avec lesquels vous travailler, en quoi consiste les services que vous leur proposez et qui sont-elles ?
Ces multinationales sont les banques, télécoms, industries, le secteur de la santé entre autres. Pour en citer quelques-unes, il y a Orange, Sonatel, MTN Côte d’Ivoire, Sanofi, Philip Morris international, et Orange au Cameroun. Ce qu’on fait avec ces organisations-là, c’est exploiter de la donnée qui existe dans l’entreprise, dans les systèmes d’information les organiser pour leur permettre d’avoir des informations organisées afin qu’elles puissent prendre des décisions basées sur les données qu’on va leur fournir. Je prends un exemple de la direction marketing après avoir recueilli des informations auprès du service client de l’information sur son CRM, cette information-là n’est pas organisée en tableau de bord, un indicateur qui permet de suivre ce qui a été vendu, de savoir ce qui marche, ou sur quoi les clients font des réclamations etc.
Notre travail, c’est de venir prendre ces données, la nettoyer, l’organiser, et de construire, des tableaux de bord, des indicateurs qui sont automatisés et qu’une entreprise peut analyser en temps réel. Et le second travail qu’on va faire, c’est de ramener à un seul endroit les informations des différents départements. C’est ce qu’on va appeler dans le jargon d’analyse de données un lac de données ou toutes les données de l’entreprise vont se retrouver, cela permet à l’entreprise d’avoir une vision globale de ce qui se passe-partout. Et ces données vont pouvoir être compatible dans les départements de finance, de marketing, s’il y a des productions des usines les données sont organisées, structurées pour pouvoir être interconnectée et donner une vision globale de l’entreprise.
Vous voulez dire que vous leur permettez d’avoir une traçabilité sur leur produit ?
Oui, au-delà de la traçabilité, c’est avoir l’information qui leur permet de prendre la décision, avoir l’information sur ce qui se passe dans l’entreprise. S’il y a mille personnes qui appellent le service client, qu’on sache le sujet sur lequel ils appellent, s’il y a mille personnes qui viennent consulter un produit sur un site internet ou demander un devis, qu’on sache les articles qui sont les plus demandés pareil sur le suivi de rentabilité. C’est des informations qui existent mais c’est très difficile de les collecter, et de les interpréter, pour piloter l’entreprise et prendre des décisions.
Quelles sont vos plus grandes victoires et vos plus grands challenges ?
C’est le fait de réussir à fournir des services à des clients qui reviennent toutes les années avec de nouveaux projets. C’est la preuve pour nous que ces entreprises tirent de la valeur sur les projets et les applications qu’on a mis en place. Et donc ça leur permet de faire grandir leurs organisations, d’optimiser leur entreprise et ce qu’on constate c’est que tous nos clients reviennent plusieurs fois la même année. Cela est une grande satisfaction pour nous au-delà du fait d’avoir réussi à se positionner comme un partenaire de référence de données. Toujours sur ces clients, le partenariat qu’on a avec Microsoft depuis le début est une grande satisfaction pour nous parce que c’est une preuve de confiance et d’expertise.
Microsoft nous ramène des clients par exemple ceux qui veulent mettre en place des projets d’analyse de données et qui ont un souci chez eux. Elle nous les recommande afin qu’on les accompagne à la mise en place des projets. Ces deux éléments là sont pour nous de grandes victoires. Le plus gros challenge pour nous du coup c’est d’aller à l’export, de sortir du Sénégal. On a commencé à le faire avec la Côte d’Ivoire, le Cameroun et on aimerait s’étendre dans plus de pays. Mais à cause du contexte sanitaire des deux dernières années, on n’a pas pu voyager. Cet état de fait nous encourage plus à utiliser le digital pour communiquer, identifier de nouvelles sociétés à qui apporter nos services.
Mis à part les pays que vous venez de citer, quels sont les autres que vous visez et pourquoi ?
Le Gabon, parce qu’on y voit une proximité en terme de typologie d’entreprise et de multinationale. Les deux Congo, ces pays sont importants en termes de structures en plus de cela, ce sont des pays francophones. Juste après on aura le Nigeria et le Ghana comme pays cible. Déjà le premier conforte une culture qu’on a d’être ouvert sur l’Afrique sans barrières de langue on a cette culture de faire travailler les équipes en anglais surtout qu’on travaille avec les multinationales ce qui nous permettra de nous étendre facilement sans pour autant que la langue soit une barrière.
En quoi consistent le KPA et le Business Dashboard et comment fonctionnent-il ?
Un Dashboard c’est un tableau de bord où vous allez avoir des indicateurs sur ce qui se passe dans l’entreprise. Le tableau de bord d’un véhicule ou d’un avion va donner des indications sur le nombre de comburant, les détails des différents composants de l’avion ou d’un véhicule. S’il y a un pneu crevé, le tableau de bord va nous le signaler pour qu’on puisse ajouter de l’air ou le réparer si on a besoin de carburant, on fait la même chose. Ça, c’est un tableau de bord. Donc, nous notre Dashboard ressemble à celui d’un avion ou d’un véhicule. Par exemple, s’il reste dix litres d’essence, mes indicateurs vont permettre à l’entreprise de savoir qu’il reste dix millions de FCFA pour avancer, ou il reste dix millions d’articles pour les clients jusqu’à la fin de l’année. A partir de ces informations, l’entreprise sait si elle doit produire plus. C’est la même chose pour les appareils qui peuvent tombent en panne au niveau du secteur industriel, là aussi, on aura des indicateurs qui vont dire que l’appareil envoie des niveaux de performance de dix à neuf, l’indicateur est en train de baisser donc il faut aller voir ce qui se passe. Les indicateurs sont comme les niveaux d’essence. Grâce à ces informations, l’entreprise peut prendre des décisions.
Rachelle SEKONGO avec Afrique IT News