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  • 15/09/2025

Afrique subsaharienne : Moody’s met en garde contre l’étau du financement cher

En Afrique du Sud, au Nigéria et au Kenya, le coût du crédit atteint des niveaux record. Selon Moody’s, cette flambée freine l’investissement, pèse sur la croissance et pourrait enfermer les grandes économies d’Afrique subsaharienne dans un cercle vicieux.

 

Un argent trop cher pour croître

 

Les trois poids lourds de l’Afrique subsaharienne voient leurs marges de manœuvre financières se réduire face à l’envolée du coût de l’endettement. D’après une étude publiée lundi par Moody’s Ratings, les États, les banques et les entreprises doivent composer avec une combinaison explosive : inflation persistante, fragilités des politiques publiques et conditions de marché défavorables.

 

« Les coûts d’emprunt sont élevés dans tous les secteurs », souligne Lucie Villa, vice-présidente senior de Moody’s. En cinq ans, le durcissement monétaire des banques centrales a alourdi la dette de manière significative, réduisant l’accès au crédit productif.

 

Des besoins massifs, mais un crédit hors de portée

 

Ces économies ont pourtant un besoin vital de capitaux pour financer infrastructures, industrialisation et création d’emplois. Mais l’argent leur coûte nettement plus cher que dans les économies avancées. La rareté des sources de financement, qu’elles soient locales ou internationales, accentue la pression.

 

Le recours aux bailleurs de développement, qui accordent des prêts concessionnels, offre une respiration bienvenue. Mais cette aide reste marginale face aux charges imposées par les marchés locaux et les investisseurs internationaux.

 

Afrique du Sud : la force fragile

 

L’Afrique du Sud bénéficie de marchés financiers plus profonds et d’une politique monétaire crédible. Ses taux restent donc plus bas que ceux de ses voisins. Mais le pays demeure prisonnier de contraintes budgétaires chroniques. Moody’s avertit : « Sans améliorations, l’Afrique du Sud risque de s’enfermer dans une spirale négative où des taux d’intérêt élevés, destinés à attirer les flux financiers dans un contexte de croissance atone, limitent l’investissement domestique et entravent davantage les perspectives économiques. »

 

Nigéria et Kenya : un mur d’obstacles

 

Au Nigéria, la spirale inflationniste et le faible niveau d’épargne privent les entreprises de crédits abordables. Le Kenya, lui, souffre d’un recours excessif à l’endettement public et d’un marché financier trop étroit pour répondre aux besoins du secteur privé.

 

Même si les écarts de taux sur les marchés internationaux se sont réduits depuis 2022 — passant autour de 500 points de base au-dessus des bons du Trésor américain pour le Nigéria et le Kenya — ces coûts restent prohibitifs, d’autant plus que ces deux pays affichent déjà une notation dégradée.

 

Une sortie de crise de long terme

 

Moody’s conclut que seule une correction progressive des déséquilibres pourra ramener les coûts de financement à un niveau soutenable. Discipline budgétaire, réformes structurelles et développement des marchés financiers locaux sont indispensables. Mais le chantier est immense et prendra du temps.