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  • 13/10/2025

Algérie-Midad : Un contrat à 5,4 milliards de dollars qui redessine l’amont énergétique

L’Algérie et la compagnie saoudienne Midad Energy viennent de sceller un accord d’envergure : un contrat pétrolier et gazier évalué à 5,4 milliards de dollars, sous la forme d’un production-sharing agreement (PSA) d’une durée initiale de 30 ans, avec option de prolongation de dix ans. Le périmètre concerne le bassin d’Illizi, au sud-est du pays, et inclut une phase d’exploration de sept ans financée en totalité par Midad.

 

Le montage prévoit que Midad Energy North Africa financera l’ensemble des investissements, dont environ 288 millions de dollars dédiés à l’exploration initiale. Cette implication financière étrangère arrive alors que l’Algérie annonce un plan d’investissements massif dans son secteur énergétique pour les prochaines années.

 

Pourquoi ce contrat est-il important ? D’abord parce qu’il booste l’amont algérien : exploration et développement d’un bassin considéré comme prometteur peuvent accroître la production nationale et améliorer les recettes à terme. Ensuite, il témoigne d’une stratégie assumée d’ouverture aux capitaux étrangers pour moderniser les infrastructures et attirer des technologies et savoir-faire. Enfin, le partenariat avec un groupe saoudien inscrit l’Algérie dans une dynamique régionale où Riyad cherche à diversifier ses investissements énergétiques.

 

Sur le plan technique et économique, le contrat allonge l’horizon de production — 30 ans est une durée classique pour un PSA, car elle permet d’amortir de lourds investissements amont. La période d’exploration de sept ans donne le temps d’évaluer réellement le potentiel géologique avant des engagements de développement plus larges.

 

Les modalités précises de partage de production, des taux fiscaux et des engagements locaux (contenu local, transferts technologiques, emplois) n’ont pas été entièrement publiées au moment de l’annonce ; ce sont des éléments déterminants pour juger de la retombée réelle pour l’économie algérienne.

 

Du point de vue des risques, plusieurs points appellent prudence :

  • Volatilité des prix : des investissements lourds en hydrocarbures restent sensibles à l’évolution des cours internationaux.
  • Enjeux environnementaux : toute nouvelle exploitation doit s’inscrire dans des règles strictes pour limiter fuites, torchères et impacts locaux.
  • Conditionnalité locale : l’efficacité économique dépendra de l’ampleur des engagements de Midad en matière d’emploi, formation et approvisionnement local — des clauses que Sonatrach et l’État devront faire respecter.

 

Côté diplomatique et stratégique, l’opération est un signe : l’Algérie, acteur majeur des hydrocarbures en Afrique du Nord, consolide sa capacité à attirer des investisseurs non-européens, ce qui diversifie ses partenaires et réduit les risques liés à une dépendance trop forte à un seul partenaire. Pour les saoudiens, l’opération est un placement stratégique, rapprochant investissements et sécurité d’approvisionnement.

 

En synthèse, le contrat Sonatrach–Midad à 5,4 milliards ouvre une nouvelle page pour l’amont algérien. Les chiffres et la durée donnent une dimension stratégique au projet. Reste à connaître les détails opérationnels et contractuels (clauses de partage, contenu local, calendrier précis) pour juger — au-delà de l’effet d’annonce — de l’impact réel sur l’économie, l’emploi et les exportations algériennes.