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  • 26/08/2025

Blanchiment de capitaux : Washington et Bruxelles accentuent leur pression sur Abidjan

La Côte d’Ivoire fait désormais face à une double pression diplomatique et financière. Washington et Bruxelles pointent tous deux des faiblesses dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, plaçant Abidjan dans une position inconfortable.

 

Selon une enquête publiée par Africa Intelligence le 25 août 2025, le Trésor américain multiplie depuis plusieurs mois les réunions confidentielles avec les autorités ivoiriennes. Objectif affiché : retracer des flux financiers suspects, soupçonnés de transiter par le pays et pouvant être liés au Hezbollah libanais, organisation classée terroriste par les États-Unis.

 

Cette vigilance américaine n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans un contexte marqué par la décision de l’Union européenne d’ajouter la Côte d’Ivoire à sa liste des pays « à haut risque » en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. La mesure a été officialisée le 10 juin 2025 par la Commission européenne et relayée par Le Monde le 18 juin 2025. Selon Bruxelles, les efforts d’Abidjan sont jugés « insuffisants » malgré des progrès notables, notamment dans la réglementation bancaire.

 

Ce classement n’est pas neutre. Il signifie que les transactions financières en provenance ou à destination de la Côte d’Ivoire font désormais l’objet d’un contrôle renforcé dans les banques européennes. Pour les opérateurs économiques, cela peut se traduire par des retards, des surcoûts et parfois même des refus de transactions. Pour les investisseurs internationaux, l’image du pays en matière de gouvernance financière est ternie.

 

Dans son article, Le Monde souligne que ce durcissement s’explique par « un manque de transparence dans les transactions bancaires » et par « l’insuffisance des sanctions effectives » contre les circuits suspects. Les autorités ivoiriennes, de leur côté, affirment travailler avec leurs partenaires pour corriger ces faiblesses, mais elles se retrouvent désormais sous une double surveillance.

 

L’enjeu dépasse la seule Côte d’Ivoire. Pour Washington, comme pour Bruxelles, l’Afrique de l’Ouest est un maillon fragile dans la chaîne mondiale de la finance illicite. Les diasporas et réseaux transnationaux — y compris certains soupçonnés de liens avec le Hezbollah — sont perçus comme des vecteurs potentiels de financement illicite.

 

À Abidjan, le gouvernement devra convaincre ses partenaires internationaux de sa détermination à agir. Faute de quoi, la Côte d’Ivoire risque de voir son système financier s’isoler progressivement, au moment même où le pays cherche à attirer davantage de capitaux pour financer son développement.