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  • 09/12/2025

Cobalt : La pénurie orchestrée par la République démocratique du Congo fait flamber les prix

La tension sur l’hydroxyde de cobalt, ingrédient clé des batteries de véhicules électriques, devient l’un des signaux les plus forts des fractures actuelles dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Depuis que la République démocratique du Congo, premier producteur mondial, a décidé de suspendre puis de rationner ses exportations, les prix s’envolent et les industriels s’adaptent comme ils peuvent à un marché devenu imprévisible.

 

Au cœur de cette tempête, la décision congolaise de stopper toutes les exportations en février, avant de mettre en place en octobre un système de quotas visant à accroître les recettes publiques et renforcer le contrôle de la filière. Une stratégie assumée par Kinshasa, dans un pays qui fournit plus de 70% du cobalt mondial — quelque 280 000 tonnes cette année.

 

Résultat : une rareté immédiate. Les analystes de Macquarie résument cette réalité sans détour : « Le cobalt affiche actuellement les meilleurs prix pour 2025, mais cette performance est uniquement due à l'introduction de quotas d'exportation par le Congo, qui ont provoqué une tension artificielle sur le marché, retirant du marché entre 160 000 et 170 000 tonnes cette année ». Une phrase qui fait écho à ce que vivent les traders et industriels depuis des mois.

 

L’hydroxyde de cobalt, produit en RDC et comme sous-produit du cuivre et du nickel en Indonésie, se négocie désormais au prix fort. En Chine, premier consommateur mondial, les paiements pour l’hydroxyde congolais atteignent 100% du prix du cobalt métal, aujourd’hui autour de 24 dollars la livre, alors qu’en février, ce même métal plongeait à 10 dollars la livre, son plus bas niveau en neuf ans. Certaines entreprises exigent même une prime au-dessus du prix du métal.

 

Le marché indonésien suit la même tendance. Les recettes fiscales imposées à l’hydroxyde local sont passées de 50% à 90%, renforçant encore la pression sur les acheteurs asiatiques.

 

Pour les fabricants de batteries, cette inflation complique les plans. Une source industrielle estime que les volumes attendus par les groupes chinois n’arriveront qu’« en février ou mars », un délai qui risque d’alourdir les coûts de production des véhicules électriques.

 

Mais ce rush ne profite pas à tout le monde : la demande a ralenti ces dernières semaines. Trois sources indiquent que des « délais de paiement élevés dissuadent les acheteurs », signe qu’un marché trop tendu finit toujours par casser la dynamique.

 

Reste une certitude : le cobalt, métal stratégique d’une économie électrique en pleine expansion, vit une année 2025 sous tension maximale. Et ce sont les décisions de Kinshasa qui, aujourd’hui, dictent la musique mondiale.

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