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  • 10/12/2025

Corruption et flux illicites : Le fardeau colossal pour les pays en développement (et l’Afrique)

Quand on évoque les pertes liées à la corruption dans le monde, les chiffres globaux sont vertigineux — mais ce sont les États en développement qui paient le plus lourd tribut. Selon une estimation largement citée, les pays en développement perdent 1,26 billion de dollars chaque année à cause de la corruption, des détournements, de la fraude et des flux financiers illicites.

 

Cette donnée n’est pas une abstraction : elle illustre un transfert massif de ressources vitale d’États fragiles vers des circuits opaques, souvent hors des frontières, amputant des budgets publics essentiels (santé, éducation, infrastructures) — à l’échelle d’un continent comme l’Afrique, les conséquences sont dramatiques.

 

L’Afrique parmi les plus touchées

 

Un rapport récent de Commission économique pour l’Afrique (CEA-ONU) estime que le continent africain perd environ 88,6 milliards de dollars par an à cause des flux financiers illicites. Cela représente près de 3,7% du PIB continental.

 

Autrement dit : des sommes potentiellement mobilisables pour bâtir des écoles, équiper des hôpitaux, soutenir l’investissement privé, ou accélérer la transformation structurelle des économies africaines. Mais ces ressources s’échappent souvent hors du continent, privant les États de fonds cruciaux pour le développement.

 

Pourquoi ces fuites sont-elles si nocives ?

 

  • Ces flux illicites découragent les investissements productifs. Selon la recherche de Banque mondiale, la corruption freine l’investissement et peut réduire le taux de croissance annuel d’un pays de 0,5 à 1 point.
  • Les ressources publiques se raréfient alors que les besoins sociaux (scolarisation, santé, infrastructures) explosent, en particulier dans des populations jeunes — comme c’est le cas en Afrique de l’Ouest avec une démographie très dynamique.
  • L’évasion fiscale, la surfacturation, le blanchiment, l’attribution opaque des marchés publics érodent la confiance dans les institutions, freinent la bonne gouvernance et alimentent la fuite des capitaux.

 

Le message du président de la CEDEAO en perspective

 

Quand le président de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO, Dr. George Agyekum Donkor, évoque les 1,26 billion de dollars perdus par les pays en développement, il ne parle pas que de statistiques : il parle aussi — et surtout — d’un gâchis structurel. En intégrant l’Afrique dans cette catégorie, le chiffre donne une mesure de l’ampleur du manque à gagner pour le continent.

 

Son appel à la jeunesse, aux institutions financières, au secteur public et privé prend alors tout son sens : c’est un cri d’alerte et un appel à l’action pour que les ressources restent là où elles doivent servir — au développement, à la croissance, à la création d’emplois et d’opportunités.

 

Ce qu’il faudrait faire — et vite

 

  • Renforcer la transparence des marchés publics, numériser les process de passation, pour réduire les marges d’opacité.
  • Mettre en place des mécanismes robustes de diligence et de conformité dans les banques et institutions de financement.
  • Promouvoir, dans le secteur privé, des pratiques comptables rigoureuses et encourager les jeunes entrepreneurs à adopter des codes d’éthique.
  • Investir les sommes économisées dans l’éducation, la santé, les infrastructures — donc dans le capital humain et économique de demain.

 

La corruption et les fuites financières ne sont pas un mal silencieux : ce sont des « écarts budgétaires gigantesques » qui, chaque année, privent les pays en développement — et l’Afrique en particulier — des marges de manœuvre nécessaires pour bâtir l’avenir.

 

L’appel de la CEDEAO, centré sur la jeunesse et l’intégrité, ne relève pas du discours moralisateur, mais d’un impératif pour le développement durable. Si les États, les institutions et les citoyens s’engagent collectivement, la mobilisation des ressources internes peut redevenir un levier de transformation réelle.