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  • 09/12/2025

Marché régional : Le Sénégal veut mobiliser 710 millions $ pour clore l’année


Le Trésor sénégalais a lancé, du 2 au 22 décembre 2025, un nouvel appel public à l’épargne (APE 4) d’un montant de 400 milliards FCFA (soit 710,2 millions de dollars), constituant le plus vaste programme de ce type jamais initié par le pays. Cette opération, articulée autour de quatre maturités (3, 5, 7 et 10 ans) et offrant des taux allant de 6,40 % à 6,95 %, s’inscrit dans une stratégie de gestion active de la dette publique, dans un contexte de besoins importants en refinancement pour l’État sénégalais.

Selon les données consolidées, cette nouvelle enveloppe s’ajoute à trois précédentes opérations APE qui ont permis de mobiliser près de 1 220 milliards FCFA en 2025. L’APE 1 a recueilli 405 milliards FCFA, largement au-delà de l’objectif initial de 150 milliards. L’APE 2 a atteint 364 milliards FCFA, dépassant également la cible de 300 milliards et l’APE 3, a franchi le cap des 450 milliards FCFA, pour un objectif équivalent. Avec ce nouvel appel, le Sénégal devrait ainsi dépasser les 1 600 milliards FCFA mobilisés en 2025 à travers les APE, un niveau jamais atteint sur le marché régional. Sur le marché UMOA-Titres, les levées cumulées dépassent déjà plus de 1 978 milliards FCFA.

Une opération destinée à restructurer la dette

Ces fonds ne seront pas exclusivement destinés au financement de nouveaux projets. Une part importante servira à refinancer environ 500 milliards de FCFA de crédits bancaires à court terme en les transformant en obligations à plus long terme, a précisé le ministre des Finances, Cheikh Diba. L’objectif est de repousser certaines échéances, lisser le profil de la dette et réduire la pression de trésorerie en fin d’année.

Les taux proposés, oscillant entre 6 % et près de 7 %, reflètent la pression continue sur le financement domestique. Par ailleurs, les investisseurs pourraient exiger des rendements encore plus élevés. Dans un contexte où la dette publique est en forte augmentation — dépassant parfois 130 % du PIB selon certaines estimations, en incluant les dettes des entreprises publiques —, la marge de manœuvre budgétaire demeure très restreinte.

Les banques ivoiriennes, déjà détentrices d’environ 42 % des titres souverains sénégalais, devraient se positionner comme principaux souscripteurs, aux côtés d’investisseurs étrangers séduits par les rendements en monnaie locale et le faible risque de change lié à la parité du franc CFA avec l’euro. Cette nouvelle émission apporte un soulagement temporaire, mais ne supprime pas les obligations de remboursement futures.

Défis de la dette extérieure

À moyen terme, le principal défi résidera dans l’extension de la stratégie de « gestion active » à la dette extérieure, qui continue de représenter près de 68 % de l’encours global. Les importantes échéances prévues en 2026, notamment celles liées aux euro-obligation constituent, un véritable test pour la viabilité des finances publiques. Cette situation intervient alors que le pays éprouve des difficultés à finaliser un accord avec le FMI, un prérequis essentiel pour bénéficier de financements concessionnels et envisager un retour sur les marchés financiers internationaux.

 

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